lundi 26 janvier 2009

Thomas Hobbes








I-Présentation:

Hobbes, Thomas (1588-1679), philosophe anglais, auteur de la célèbre formule « l’Homme est un loup pour l’Homme » et d’une description du comportement humain selon une perspective mécaniste et naturaliste.

Né à Westport, Hobbes fait ses études à Magdalen Hall (Oxford). En 1608, il devient précepteur de William Cavendish, futur comte du Devon. Au cours des années suivantes, il effectue plusieurs voyages à travers la France et l’Italie en compagnie de son élève et, plus tard, du fils de celui-ci. Au cours de ces voyages, Hobbes rencontre plusieurs grands penseurs de son temps, notamment Galilée, René Descartes et Pierre Gassendi, qui auront une influence décisive sur sa pensée.


II-La vie:

En 1637, alors qu’il se trouve en Angleterre, il prend intérêt à la bataille constitutionnelle qui oppose le roi Charles Ier au Parlement. Il se met à travailler à un petit traité rédigé en anglais, dans lequel il prend la défense de la prérogative royale. Cet écrit circule officieusement en 1640 sous le titre Elements of Law (Éléments du droit naturel et politique). Lorsque les tensions politiques précédant la guerre civile éclatent la même année, Hobbes, craignant que le Long Parlement ne l’arrête en raison de ce livre, s’enfuit à Paris, où il demeure en exil volontaire pendant onze ans.

En 1642, il achève De Cive, qui expose sa théorie du gouvernement. De 1646 à 1648, il est précepteur du prince de Galles, futur roi Charles II, en exil à Paris. L’œuvre la plus célèbre de Hobbes, le Léviathan (1651), est un exposé magistral de sa doctrine de la souveraineté. Cette œuvre est interprétée par les disciples du prince en exil comme une justification de l’État et éveille, par son attaque contre la papauté, la suspicion des autorités françaises. Craignant de nouveau une arrestation, Hobbes rentre en Angleterre.

Lorsque le Commonwealth prend fin en 1660 et que son ancien élève accède au trône, Hobbes connaît un regain de faveur. En 1666, cependant, la Chambre des communes publie une ordonnance qui met le Léviathan au nombre des livres sur lesquels pèse l’accusation de tendances athées. Cette mesure entraîne Hobbes à brûler bon nombre de ses documents et à différer la publication de trois de ses œuvres.

À l’âge de quatre-vingt-quatre ans, Hobbes rédige une autobiographie en vers latins ; au cours des trois années suivantes, il traduit en vers anglais l’Iliade et l’Odyssée d’Homère.

La philosophie de Hobbes constitue une réaction à la liberté de conscience instaurée par la Réforme, laquelle génère, selon lui, l’anarchie. Il opère la scission de la philosophie anglaise et de la scolastique, et cherche à appliquer aux êtres humains, à la fois artisans et sujets de la société, les principes de la physique qui gouvernent le monde matériel.

Hobbes élabore sa théorie politique et son éthique sur une base naturaliste. Il soutient que « l’Homme est un loup pour l’Homme » et que pour échapper à la crainte de la mort qui guettait les individus isolés dans l’« état de nature », avant la naissance de l’État, ceux-ci se résolurent à s’imposer des lois fondées sur le contrat social. Selon Hobbes, afin de garantir la sécurité des personnes et des biens — vocation première de l’État —, les citoyens doivent se soumettre au même type de contrat social qui a permis d’instaurer la société civile : ils doivent renoncer à leur pouvoir politique et économique en faveur du prince, qui, bien qu’il ne soit pas infaillible, est le seul à pouvoir épargner à ses sujets les conflits sociaux auxquels les portent leurs inclinations naturelles.

Baruch Spinoza










1-Présentation:

Spinoza, Baruch (1632-1677), philosophe rationaliste et penseur religieux hollandais, considéré comme le plus important représentant moderne du panthéisme.

Né de parents juifs d'origine espagnole et portugaise à Amsterdam, Spinoza reçoit une solide éducation hébraïque classique. Plus tard, il se détache cependant du judaïsme établi, après ses études de science physique et la lecture des écrits de Thomas Hobbes et de René Descartes. En 1656, il est excommunié par les rabbins qui obtiennent son bannissement d'Amsterdam.

Pendant cinq ans, Spinoza demeure dans les faubourgs de la ville, vivant du polissage de verres optiques. À cette époque, il écrit son premier ouvrage philosophique, Court Traité sur Dieu, l'homme et sa félicité, qui annonce les grandes lignes de son système philosophique ultérieur. Le Tractatus theologico-politicus (Traité théologico-politique) et la dissertation De intellectus emendatione (De la réforme de l'entendement) datent vraisemblablement aussi de cette époque, bien que le premier n'ait été publié qu'en 1670 et le second en 1677. En 1661, Spinoza s'installe à Rijnsburg, aux environs de Leyde, puis, deux ou trois ans plus tard, à Voorburg, non loin de La Haye. Peu après, alors qu'il s'apprête à s'installer à La Haye même, une chaire de philosophie à l'université de Heidelberg lui est proposée par l'électeur palatin Charles Louis. Mais Spinoza décline l'offre, redoutant les restrictions que pourraient imposer les théologiens à son activité intellectuelle. Spinoza refuse également une pension que lui offre Louis XIV, sous la condition qu'une de ses œuvres lui soit dédiée.

2-Philosophie:

La pensée de Spinoza trouve son expression la plus complète dans Ethica more geometrico demonstrata (l'Éthique démontrée selon la méthode géométrique, 1674). Selon ce traité, l'univers est identique à Dieu, qui est la « substance » non-causée de toutes choses. La conception spinoziste de la substance, inspirée des philosophes scolastiques, n'est pas celle d'une réalité matérielle, mais plutôt celle d'une entité métaphysique, le fondement global et autosuffisant de toute réalité. Spinoza admet l'existence éventuelle, en nombre infini, d'attributs de la substance, mais il soutient que seuls deux de ces attributs sont accessibles à l'esprit humain, à savoir l'étendue, ou monde des corps matériels, et la pensée consciente. Dans sa représentation, la pensée et l'étendue dépendent d'une réalité ultime, dans laquelle elles existent, et qui est Dieu. Dans le système de Spinoza, la causalité peut exister dans l'attribut étendue entre objets singuliers, c'est-à-dire entre corps physiques ou dans l'attribut pensée, entre idées singulières, mais non entre objets et idées. Afin de rendre compte des interactions causales apparentes entre objets et idées, Spinoza avance la théorie dite du « parallélisme », selon laquelle toute idée a son équivalent physique et, inversement, tout objet physique, son idée qui lui correspond.

Quant à la singularité des choses, que ce soit celle d'objets physiques ou celle d'idées, Spinoza l'explique en termes de modes particuliers de la substance. Tous les objets particuliers sont des modes de Dieu dans l'attribut étendue et toutes les idées particulières sont des modes de Dieu dans l'attribut pensée. Les modes sont des natura naturata, « nature naturée », ou nature dans la multiplicité de ses manifestations ; la substance ou Dieu est natura naturans, « nature naturante », ou nature dans son unité créatrice, agissant comme le déterminant de ses modes propres. Les modes sont transitoires et leur existence suppose la forme temporelle. Dieu est éternel, transcendant tous les changements modaux. En conséquence, les choses particulières, qu'elles relèvent de l'étendue ou de la pensée, sont finies et éphémères. Pourtant, Spinoza affirme l'existence d'un monde indestructible. Ce monde ne saurait être trouvé dans l'ordre des choses existantes mais dans celui de l'essence. La connaissance intuitive qu'a l'humanité de Dieu est la source de l'amour intellectuel de Dieu (amor Dei intellectualis), qui, lui, fait partie de l'amour que Dieu se porte à lui-même.

La doctrine spinoziste des essences est apparentée à la conception scolastique des « réalités » et aux Idées de Platon, tout en s'en distinguant par d'importants aspects. Spinoza conçoit les essences comme des entités conceptuelles de l'aspect universel de toute chose. La différence fondamentale entre les existences et les essences dans la cosmologie de Spinoza est que l'être des premières se trouve dans le temps et que les secondes se situent en dehors du temps. Puisque la mortalité ne concerne que les choses assujetties à la loi du temps, l'ordre des essences, qui est intemporel, doit par conséquent être éternel. Néanmoins, l'ordre des essences est un ordre d'être immanent.

Toute existence a donc un caractère universel ou essentiel, bien que pour réaliser ce caractère, la chose existante doit transcender sa propre forme intrinsèque, en d'autres termes, se libérer des limites de sa propre structure. L'ordre des essences a ainsi une sorte d'être au sein de l'ordre des existences (le premier étant la cause immanente du second), sans toutefois partager ses limites temporelles. La causalité immanente, dans la métaphysique de Spinoza, signifie autocausalité, et ce qui est autodéterminé est libre. À partir de ce raisonnement, Spinoza développe sa doctrine de la liberté comme bien accessible seulement dans l'ordre des essences. Dans l'un et l'autre de ses attributs (étendue ou pensée), l'existence est asservissement, tout corps existant étant déterminé par ses propres séries causales ; tout corps particulier ou idée particulière est soumis à d'autres corps ou idées et la forme de son être est déterminée par ceux-ci. Ce n'est que dans l'être intemporel, qui est sa propre cause, et donc dans l'être universel et immanent que la liberté totale est possible ; ce n'est que par l'identification avec la substance, ou Dieu, que l'on touche à l'immortalité, et, avec elle, à la paix.

3-Rejet de la tradition:

Spinoza rejette l'idée de la Providence et du libre arbitre, et son concept d'un Dieu impersonnel suscite beaucoup d'hostilité chez ses contemporains. À bien des égards, sa position est unique dans l'histoire de la philosophie. Il n'appartenait à aucune école, il n'en a fondé aucune. Si son œuvre s'inspire, peu ou prou, de la pensée de quelques-uns de ses prédécesseurs, elle se distingue par son originalité, même par rapport à la pensée d'un Descartes. La pensée de Spinoza qui compte parmi les plus grands penseurs de la philosophie n’est reconnue qu'un siècle après sa mort, et si son système ne donne naissance à aucun véritable mouvement, son influence ne peut être comparée qu'à celle de la philosophie d'Emmanuel Kant. Non seulement les métaphysiciens, mais aussi des poètes comme Goethe, William Wordsworth et Percy Shelley se sont inspiré des œuvres de Spinoza dont la pensée se prolonge dans la poésie panthéiste.

Theodor Adorno






I-Présentation:

Adorno, Theodor (1903-1969), philosophe et musicologue allemand, membre de l'école de Francfort.

II-La vie:

Il naquit à Francfort-sur-le-Main le 11 septembre 1903, et poursuivit ses études de doctorat de philosophie à l'université Johann Wolfgang Goethe de Francfort de 1921 à 1924. Il séjourna à Vienne de 1925 à 1928, et fut étudiant du compositeur Alban Berg à Vienne. Il fut un fervent partisan de la musique de la seconde école de Vienne. Il enseigna à Francfort jusqu'en 1933 puis quitta l'Allemagne à l'arrivée au pouvoir de Hitler. Il séjourna d'abord en Grande-Bretagne et enseigna à Oxford. Durant cette période, il publia des articles dans lesquels il développe un projet d'une théorie sociale de la musique. En 1938, il émigra aux États-Unis et travailla avec Max Horkheimer à la rédaction de Dialektik der Aufklärung (« Dialectique de la raison », 1947).
Adorno rentra en Allemagne en 1949 et reprit son enseignement à Francfort en 1951. Une part importante de son enseignement fut consacrée à l'élaboration de sa Théorie esthétique (1970). Contrairement à Horkheimer, Adorno continua à insister sur l'importance centrale de la structure de classes des sociétés modernes dans des livres comme Minima Moralia : Réflexions sur la vie mutilée (1951), sa réaction à l'effondrement de la civilisation européenne durant la Seconde Guerre mondiale, Jargon der Eigentlichkeit (« Jargon de l'authenticité », 1964), critique du philosophe Martin Heidegger, et dans d'autres ouvrages réfutant la possibilité d'une vérité objective. Il mourut le 6 août 1969.
Adorno doit sans doute son influence la plus durable aux concepts qu'il avait forgés conjointement avec Horkheimer : la « rationalité instrumentale ». La raison, qui constitue un des concepts centraux de la philosophie des Lumières, et qui peut être comprise comme le fondement du développement des sociétés occidentales, est détournée et corrompue par les systèmes de domination. Les classes dominantes subjectivisent la raison et l'infléchissent pour lui faire servir ses intérêts particuliers, à travers « l'industrie de la culture » par exemple, qui transforme les œuvres d'art en marchandises. Voir aussi Marxisme.

samedi 17 janvier 2009

Epicure








Épicure (341-270 av. J.-C.), philosophe grec, fondateur de l’école du « Jardin », que la postérité retiendra sous l’appellation d’épicurisme.

Né sur l’île de Samos d’une famille athénienne, Épicure est formé par son père, maître d’école, et s’intéresse à la philosophie dès l’âge de douze ans, dit-on, suivant, notamment, l’enseignement de Pamphile et de Nausiphane. À l’âge de dix-huit ans, il part pour Athènes accomplir son service militaire, et y demeure deux années, pendant lesquelles il entend Xénocrate à l’Académie. On ignore précisément ce que fait Épicure durant les années suivantes, mais on sait qu’il fonde une école à Mytilène, sur l’île de Lesbos, vers 311 et, deux ou trois années plus tard, qu’il assume la direction d’une autre à Lampsaque. De retour à Athènes en 306, il s’y installe définitivement, professant sa doctrine à des disciples dévoués. Les cours ayant lieu dans le jardin de sa maison, l’école d’Épicure est surnommée « le Jardin ». Des étudiants y affluent, venus de toute la Grèce et de l’Asie Mineure, attirés autant par le charme de la personnalité d’Épicure que par ses enseignements. L’école d’Athènes gardera par ailleurs des liens étroits avec les autres centres épicuriens, à Mytilène et à Lampsaque, entretenue grâce à une abondante relation épistolaire du Maître.

Épicure a en effet été un auteur prolifique. Selon sa biographie relatée par Diogène Laërce, il a laissé trois cents manuscrits, dont trente-sept traités sur la physique et de nombreux ouvrages sur l’amour, la justice, les dieux, etc. De tous ces écrits, seules trois lettres et un nombre de courts fragments ont été conservés dans la biographie de Diogène Laërce. Les principales sources d’information et de discussion concernant le système d’Épicure sont les écrits de Cicéron, Sénèque, Plutarque et Lucrèce, dont le poème De rerum natura (De la nature) expose l’épicurisme.

La doctrine éthique enseignée par Épicure prône essentiellement la quête du bonheur, à laquelle on peut accéder en valorisant des qualités morales telles que l’amitié et l’entraide. Fondé sur la frugalité, le désintérêt du politique, l’égalité, le système philosophique épicurien proclame enfin le droit de philosopher, accordé à tout un chacun, qu’il soit homme, femme, riche, pauvre ou esclave.

samedi 10 janvier 2009

Emmanuel Kant










1-Présentation:


Kant, Emmanuel (1724-1804), philosophe allemand, fondateur de la philosophie critique, qui a été à l’origine d’une véritable « révolution copernicienne » en philosophie.



2-Vie:

Né à Königsberg (Prusse orientale), d’origine modeste, Kant fréquente le Collegium Fredericianum, dirigé par un pasteur piétiste. À l’université, il suit l’enseignement de Martin Knutzen, newtonien et wolffien, et étudie la physique, les sciences naturelles, les mathématiques et la philosophie. En 1746, contraint d’interrompre sa carrière universitaire à la mort de son père, il devient précepteur dans diverses familles de la région de Königsberg.

Son premier ouvrage, Pensées sur la véritable évaluation des forces vives (1746), tente de concilier Descartes et Leibniz sur la mesure de la force des corps en mouvement. Il doit cependant attendre l’année 1755 pour devenir « Privatdozent » grâce à une Dissertation sur les premiers principes de la connaissance métaphysique à la faculté de philosophie de l’université de Königsberg.

Pendant quinze ans, Kant enseignera les sciences, les mathématiques, la logique, aussi bien que la métaphysique, la théologie, le droit, l’anthropologie, la pédagogie, et même la géographie physique.

Nommé sous-bibliothécaire en 1766 à la bibliothèque du château royal de Königsberg, Kant ne devient professeur titulaire qu’en 1770, avec une dissertation sur la Forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible (Dissertation de 1770).

Durant les vingt-sept années suivantes, il continue à enseigner, attirant un grand nombre d’étudiants. Premier grand philosophe à donner un enseignement universitaire régulier, Kant a consacré sa vie entière à l’étude et à l’enseignement.

En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure (Kritik der reinen Vernunft), fruit de onze années de travail, mais le livre ne rencontre pas le succès escompté ; puis, en 1788, la Critique de la raison pratique (Kritik der praktischen Vernunft) et, en 1790, la Critique de la faculté de juger (Kritik der Urteilskraft).

En 1792, à la suite de la publication de la Religion dans les limites de la simple raison, il subit la censure de Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, qui lui interdit de traiter de questions religieuses. Tel est l’un des rares événements qui viendront bouleverser sa vie personnelle austère, célibataire et sédentaire. Sa promenade quotidienne n’a été troublée, dit-on, que le jour où il a découvert l’Émile de Rousseau, et un autre où il a jugé nécessaire d’aller au-devant du courrier portant des nouvelles de la Révolution française.

« Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser [...]. Il fut un temps où je croyais qu’il n’y avait que cela qui puisse faire l’honneur de l’humanité et je méprisais la plèbe qui ignore tout. Rousseau m’a remis en place ! Ce privilège illusoire s’évanouit, j’apprends à honorer les hommes et je me trouverais plus inutile que le commun des travailleurs si je n’étais convaincu que la spéculation à laquelle je me livre peut conférer à tout le reste une valeur : faire ressortir les droits de l’humanité. »

Kant s’éteint en prononçant ces mots restés célèbres : « C’est bien » (« Es ist gut »).



3-Philosophie:

La philosophie kantienne est une philosophie de la liberté, qui arrache l’Homme au déterminisme de la nature et de son passé pour le faire accéder à l’autonomie intellectuelle et morale. Elle récuse la théologie traditionnelle et le principe divin comme raison suffisante, cause explicative de l’Univers. Véritable critique du pouvoir de la raison et de sa capacité à produire des illusions, elle récuse les prétentions de la métaphysique à connaître ce qui n’est pas objet des sens mais besoin de la pensée, désir, aspirations légitimes de l’Homme.

Prenant sa source et trouvant son terme dans l’expérience humaine, dans le prolongement de Rousseau, la pensée kantienne s’oriente vers la philosophie pratique et porte sur le rapport de l’expérience humaine (dans son unité et sa diversité) aux idées et aux concepts, repoussant ceux-ci lorsqu’ils tendent à enfermer, altérer ou réduire celle-ci. La philosophie n’est plus pour Kant un savoir qui pourrait sauver l’Homme ou qui le délivrerait de toutes choses, comme chez Platon ou Spinoza, mais une critique du savoir comme substitut de l’expérience.

Kant propose donc une nouvelle architecture métaphysique, théologique, épistémologique et morale fondée sur la liberté humaine. Véritable « révolution copernicienne » de la pensée, son œuvre immense parcourt aussi bien l’astronomie et la physique que le droit. Certains diront qu’elle est souvent réduite à une sèche mise en question de la métaphysique ou à une bien rigide morale, mais on ne peut ôter à Kant le mérite d’avoir cherché, en ce siècle des Lumières qui est celui de la critique, à faire de cette critique même une science.

On distingue dans son œuvre deux périodes : la période dite « pré-critique » (1749-1780) et la période « critique » (1781-1796).



3.1-La période pré-critique:

La période pré-critique est marquée par une tentative de se défaire — sous l’influence de la pensée de Newton et, dès 1762-1763, de Rousseau et de Hume — du rationalisme dogmatique de Wolff, relecture scolastique de l’œuvre de Leibniz.

Important ouvrage de cette période, l’Histoire générale de la nature et théorie du ciel, essai sur la formation et l’origine mécanique du système du monde d’après les principes de Newton (1755), plutôt que d’accepter, à l’instar de Newton, l’idée de la création par Dieu de l’Univers, il avance l’hypothèse de la formation de l’Univers à partir d’une nébuleuse en rotation, hypothèse développée plus tard indépendamment par Laplace.

En 1763, la Seule Base possible pour la démonstration de l’existence de Dieu conteste déjà l’argument ontologique de Descartes et de saint Anselme comme preuve de l’existence de Dieu, et établit l’impossibilité de démontrer rationnellement une existence. Contre Swedenborg, les Songes d’un visionnaire expliqués par les songes de la métaphysique (1766) montrent que le rationalisme, s’il veut s’appuyer sur l’expérience, ne peut être que critique. Dans la Dissertation de 1770, enfin, Kant démontre l’existence d’éléments a priori au niveau de la sensibilité elle-même, la forme de l’espace et du temps, dont dépend toute activité de l’entendement.



3.2-La période critique:

La période critique, qui concilie idéalisme transcendantal et réalisme empirique, s’amorce dès 1770, mais s’ouvre véritablement avec la parution de la Critique de la raison pure en 1781. On distingue parfois une ultime période, de 1797 à la mort du philosophe, durant laquelle Kant élabore une métaphysique de la nature liée à une physique concrète. Ces dernières notes ont été publiées sous le titre Opus posthumum.



3.2.1-Refonder la métaphysique:

Dans la Critique de la raison pure (1781), l’ambition kantienne est de substituer à la métaphysique traditionnelle « vermoulue » une métaphysique non plus « transcendante » mais immanente, qui se tiendrait dans les limites d’un pouvoir de connaître où sensibilité et entendement sont toujours indissolublement liés. Kant se livre donc conjointement, sous l’influence de la lecture de Hume, de Locke et de Rousseau, à une critique de la métaphysique inspirée par Leibniz et Wolff et à une critique des facultés, c’est-à-dire des instances qui, en l’Homme, reçoivent les impressions et produisent les jugements et les pensées. Il s’agit de desceller la métaphysique de sa fausse assise spéculative pour la re-fonder dans la raison pure pratique.

Pour ce faire, il prend appui sur la distinction des jugements analytiques et des jugements synthétiques.



3.2.2-Jugements analytiques et jugements synthétiques:

Est analytique un jugement dans lequel le prédicat est contenu dans le sujet, comme dans la proposition « Les maisons noires sont des maisons ». La vérité de ce type de propositions est évidente, parce qu’affirmer l’inverse reviendrait à rendre la proposition contradictoire. De telles propositions sont appelées analytiques parce que l’on découvre la vérité par l’analyse du concept lui-même.

Les jugements synthétiques, quant à eux, sont ceux auxquels on ne peut parvenir par la pure analyse, comme dans l’énoncé « La maison est noire ». Tous les jugements ordinaires qui résultent de l’expérience du monde sont synthétiques.

Kant répartit les jugements en deux autres types : les jugements empiriques ou a posteriori et les jugements a priori formulés avant toute expérience. Les jugements empiriques dépendent de la perception des sens, alors que les jugements a priori sont valides par essence et ne sont pas fondés sur une telle perception. La différence entre ces deux types de jugements peut être illustrée par la proposition empirique « La maison est noire » et la proposition a priori « Deux plus deux égale quatre ». Kant soutient qu’il est possible de faire des jugements synthétiques a priori. En effet, c’est déjà sur un mode empirique que l’on saisit par intuition des phénomènes : l’espace et le temps sont des formes a priori de l’intuition, modes selon lesquels l’esprit appréhende ce qui est pour lui phénomène. Kant distingue ce qui apparaît, les « phénomènes », des « choses en soi », qui demeurent inconnues. Contre l’idéalisme de Berkeley, il affirme l’existence des choses hors de l’esprit. Cependant, la constitution des objets n’est pas séparable de ce qu’ils sont pour l’entendement allié à la sensibilité.



3.2.3-Catégories

L’activité de l’entendement, qui opère la synthèse du donné de l’intuition, est réglée par les catégories et se fonde sur la conscience ultime de soi, le « je pense » ou « sujet transcendantal », qui exprime et assure l’unité de la conscience, identité de soi à soi. Les catégories, fonctions qui permettent à l’entendement d’assurer la synthèse du divers représenté dans l’intuition, structurent donc la connaissance que nous avons du monde. Elles se divisent en quatre groupes : la quantité (unité, pluralité, totalité), la qualité (réalité, négation, limitation), la relation (substance-accident, cause-effet, réciprocité), la modalité (possibilité, existence, nécessité), et dérivent de la table logique des jugements.

Les jugements par lesquels l’entendement détermine l’objet de l’expérience sont le fruit de cette activité de synthèse du donné de l’intuition médiatisé par les catégories. Les schèmes de l’imagination mettent en rapport cette application de l’activité de l’entendement avec le donné de l’intuition sensible.

Hors de cette application aux données de l’intuition sensible, les catégories sont privées de tout sens et signification. C’est précisément dans cet usage illégitime et non maîtrisé des catégories que sombre la métaphysique classique : cherchant à déterminer des essences intelligibles indépendamment de l’expérience, elle mène à des antinomies, propositions contradictoires dans lesquelles la vérité des deux membres peut être également démontrée (l’Univers est infini / fini, toute réalité se ramène à des éléments insécables / toute réalité peut être décomposée à l’infini, etc.). C’est d’ailleurs la constatation de ces antinomies insolubles qui conduit Kant à la philosophie critique et à sa révolution copernicienne : il entend « mettre un terme au scandale d’une contradiction manifeste de la raison avec elle-même » (Lettre à Garve, 21 septembre 1798). La principale antinomie est celle qui concerne la causalité libre et la causalité naturelle. Tout l’objet de la Critique est en un sens d’expliquer un acte à la fois selon la loi de la causalité naturelle et selon la loi de la causalité libre.

C’est là l’essentiel de la philosophie pratique : sauver la causalité libre. Kant identifie en effet causalité par liberté et causalité par la raison, ce qu’il exprime sous la notion d’« autonomie », où se rejoignent à la fois l’idée de la loi morale comme exigence d’universalité et l’idée de la liberté comme causalité de la raison.

3.2.4-Autonomie de la raison et impératif catégorique:

Les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), la Critique de la raison pratique (1788) et la Métaphysique des mœurs (1797) développent la philosophie morale de Kant, fondée sur la liberté et sur l’« autonomie » de la volonté (opposée à l’« hétéronomie »).

L’acte moral est l’acte d’une pure bonne volonté, volonté dans laquelle celui qui agit se détermine par respect de la loi morale, c’est-à-dire de la raison universelle en lui. Cette affirmation est à l’origine de la distinction entre « impératif hypothétique » et « impératif catégorique ». L’impératif catégorique est le commandement de la raison elle-même qui s’exprime comme tel : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle .» L’impératif hypothétique ne fait que commander une action comme moyen en vue d’une fin, inspiré par la sensibilité.

Dans la seconde formulation de l’impératif catégorique, le respect de la loi universelle en moi-même m’introduit au respect de tout être raisonnable comme fin en soi.

L’article Qu’est-ce que les Lumières ? (1784) définit à la fois le cadre et le but du projet kantien, et ce qu’est pour Kant l’autonomie de l’Homme : la sortie de la « minorité », et la capacité de penser librement, par soi-même.

L’Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique (1784) et les Conjectures sur le commencement de l’histoire humaine (1786) donnent une première ébauche d’analyse philosophique du devenir-homme de l’humanité comme tel, au travers du thème de l’insociable sociabilité, qui prépare le thème hégélien de la « ruse de la raison ». Kant pense que le monde évolue vers une société idéale, dans laquelle la raison « obligerait chaque législateur à faire ses lois de telle sorte qu’elles pourraient être issues de la volonté unie d’un peuple entier et à considérer chaque sujet, pour autant qu’il aspire à être citoyen, sur la base de la conformité à cette volonté ».

3.2.5-Jugement esthétique:

Dans la Critique de la faculté de juger (1790), Kant présente une analyse du jugement esthétique (« le beau est ce qui plaît universellement sans concept ») et montre qu’au niveau du jugement esthétique (finalité sans fin) se justifie un usage de la catégorie de fin comme une approche du donné phénoménal qui dépasse le simple donné comme tel.

Tandis que la Critique de la raison pure limite le pouvoir de connaître de l’Homme au monde phénoménal et assigne à l’âme, au monde et à Dieu le statut d’« idées régulatrices » de la raison, et que la Critique de la raison pratique légitime des affirmations relatives au monde des noumènes, à l’existence de Dieu, à la croyance en l’immortalité de l’âme et à la liberté (postulats de la raison pratique), la Critique de la faculté de juger s’emploie à opérer une conciliation de ces deux perspectives en montrant comment il y a, dans la finalité de l’organisation de la nature comme dans la finalité du devenir de l’humanité dans l’histoire, des indices, au plan des phénomènes, de la vérité des postulats de la raison pratique.

La Religion dans les limites de la simple raison (1793) définit comment la compréhension de soi du sujet pratique fondé dans la loi de la raison (autonomie) ouvre la voie à une interprétation critique du donné de la révélation chrétienne : Kant y traite notamment du pharisaïsme et de la conversion pour y examiner le rapport de la loi morale et de la volonté. L’Essai sur le mal radical, qui sert d’introduction à la Religion, développe la problématique de la possibilité de l’espérance, en montrant que l’Homme est mauvais sur fond de disposition naturelle au bien. Le mal radical est la libre subordination de la morale à la sensibilité.

Les trois questions fondamentales de Kant — « Que puis-je savoir ? », « Que dois-je faire ? », « Que m’est-il permis d’espérer ? » — convergent vers une seule question : « Qu’est-ce que l’Homme ? »

4-Postérité du kantisme:

Véritable rupture avec la tradition philosophique, la philosophie kantienne est elle-même fondatrice de toute une tradition de la pensée. Point de départ de l’idéalisme transcendantal de Fichte, de Schelling, de l’idéalisme absolu de Hegel, objet des critiques de Schopenhauer puis des sarcasmes de Nietzsche, la philosophie de Kant a tantôt été lue surtout comme une théorie de la connaissance (néopositivisme, école de Marburg, avec Paul Natorp et Hermann Cohen), tantôt principalement comme une philosophie morale. Par-delà la critique très forte de Hegel, la pensée contemporaine a connu un retour à Kant, soit par la voie de Heidegger (Kant et le Problème de la métaphysique, 1929), soit par la voie de la tradition française de philosophie réflexive, directement inspirée de Fichte, de Léon Brunschwicg, de Jules Lagneau et de Jean Nabert
.

Arthur Schopenhauer









1-
Présentation:

Schopenhauer, Arthur (1788-1860), philosophe allemand, célèbre pour sa philosophie du pessimisme. Né à Dantzig (aujourd'hui Gdańsk, Pologne), Schopenhauer fit ses études aux universités de Göttingen, Berlin et Iéna. Il s'installe ensuite à Francfort-sur-le-Main où il mène une vie solitaire et se consacre à l'étude des doctrines bouddhistes et hindouistes et de la mystique. Il est également influencé par le théologien, mystique et philosophe éclectique allemand de l'ordre des dominicains Maître Eckhart, par le théosophe et mystique allemand Jakob Böhme et par les érudits de la Renaissance et des Lumières .

Dans son ouvrage capital, le Monde comme volonté et comme représentation (1819), il expose les principaux éléments éthiques et métaphysiques de sa philosophie athéiste et pessimiste.

2-Volonté et perception:

En désaccord avec l'idéalisme absolu, Schopenhauer s'oppose vivement aux doctrines de G. W. F. Hegel. Il reprend de préférence, avec quelques réserves, la position d'Emmanuel Kant selon laquelle les phénomènes n'existent que dans la mesure où l'esprit les perçoit en tant qu'idées. Mais il contredit l'opinion de Kant selon laquelle la « chose en soi » (Ding an sich) ou réalité ultime demeurerait totalement inaccessible à l'expérience. Il assimile la « chose en soi » à l'expérience de la volonté. Selon Schopenhauer, toutefois, la volonté ne se limite pas à l'action volontaire et prévoyante, mais englobe toutes les activités dont le moi fait l'expérience, y compris les fonctions physiologiques. Cette volonté est la nature profonde de tous les êtres sensibles et prend dans le temps et dans l'espace l'apparence d'un corps qui est une idée. Partant du principe que la volonté constitue la nature profonde de son propre corps comme apparence dans le temps et l'espace, Schopenhauer en conclut que la volonté est la réalité sous-jacente à toutes les apparences matérielles et que la réalité absolue est une volonté universelle unique.

3-Volonté et souffrance:

Pour Schopenhauer, le caractère tragique de la vie résulte de la nature de la volonté, qui incite constamment l'individu à poursuivre des buts successifs, dont aucun ne peut satisfaire en permanence l'activité infinie de la force vitale ou volonté. Aussi la volonté mène-t-elle inévitablement à la douleur, à la souffrance et à la mort, dans un cycle sans fin de naissances, de morts et de résurrections ; seule une attitude de résignation peut mettre fin à l'activité de la volonté, car la raison maîtrise la volonté de telle sorte que l'impulsion se trouve suspendue.

C'est la perception de la nature de la conscience comme essentiellement impulsive qui conduit Schopenhauer à cette conception de la source de la vie dans la volonté. Sa métaphysique révèle une forte influence du bouddhisme. Son éthique parvient à faire converger des idées bouddhistes et chrétiennes. En ce qui concerne l'épistémologie, les conceptions de Schopenhauer le rattachent à l'école de la phénoménologie.

4-L’influence de Schopenhauer:

Connu pour son attitude hostile envers les femmes, Schopenhauer applique par la suite ses observations à une réflexion sur les principes qui régissent l'activité sexuelle de l'être humain, affirmant que ce ne sont pas les émotions de l'attachement sentimental qui poussent les individus les uns vers les autres, mais les impulsions irrationnelles de la volonté. L'influence de la philosophie de Schopenhauer est perceptible dans les premiers travaux de Friedrich Nietzsche, dans les drames musicaux de Richard Wagner et dans une grande partie de la recherche philosophique et artistique du XXe siècle.

jeudi 1 janvier 2009

Al Farabi

Al Farabi

1-Présentation:

Al Farabi abu nasr mohammed, (872-950), philosophe hellénisant du monde islamique, qui a tenté d’étayer la foi sur la raison, et affirmé le primat de la vérité philosophique sur la révélation. Pour lui, les vérités philosophiques sont universelles, contrairement aux croyances des religions.

Après avoir étudié la logique, aristotélicienne puis alexandrine, la grammaire, les mathématiques, la musique et la philosophie, al-Farabi s’installe à la cour de Sayf al-Dawla, souverain hamdanide d’Alep, qui accueille une cour de lettrés. Il est l’un des premiers penseurs musulmans à commenter et transmettre au monde arabe les doctrines de Platon et d’Aristote qui, selon lui, sont identiques (Synthèse des opinions des deux sages). Pour cette raison, al-Farabi sera surnommé le « deuxième maître », le premier étant Aristote. Son influence sera considérable sur des philosophes musulmans ultérieurs comme Avicenne, Avempace et Averroès.

2-Du sage au prophète:

Al-Farabi, dont la cosmologie porte la marque du néoplatonisme de Plotin, suppose un Être suprême, Dieu, l’Un sans cause, d’où découle le multiple dont procède la création. L’Un crée le monde par le seul exercice de l’intellect, et de lui procèdent les « causes secondes », qui génèrent à leur tour chacune un intellect. Ce processus se répète de l’Un jusqu’aux différents niveaux de l’Univers et jusqu’aux éléments, et enfin, passant par des formes de plus en plus complexes, jusqu’à l’Homme (De l’intellect).

L’Homme, le seul à être doté d’une « faculté parlante », doit être libéré de la matière de façon à atteindre l’« intellect acquis », stade ultime que vise le sage, et par lequel il reçoit la révélation. Dans le système d’al-Farabi, le sage sera donc aussi prophète, celui qui possède à la fois intelligence et imagination, et qui saura dévoiler aux hommes du commun les vérités intelligibles.

Il est aussi celui qui sera capable de les guider vers le bonheur. Al-Farabi accorde ainsi à la théorie politique beaucoup plus d’attention que tout autre philosophe musulman, adaptant, dans le Livre du gouvernement de la cité, le système platonicien de la République et des Lois : le sage devient chef de la Cité, cité vertueuse qui couronne le système farabien.

3-Œuvre:

Al-Farabi a formulé l’idéal d’une religion universelle, dont toutes les autres religions existantes seraient l’expression symbolique. Il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages, qui ont été perdus pour beaucoup d’entre eux, comme ses commentaires d’Aristote, et dont quantité d’autres ont subsisté seulement dans leur traduction en latin médiéval. Outre ses écrits philosophiques, il a compilé un catalogue des sciences, première tentative musulmane de systématisation de la connaissance humaine. Il a aussi contribué à la théorie musicale dans son Grand Livre de la musique.
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