lundi 29 décembre 2008

Marx, Karl







1-Présentation:

Marx, Karl (1818-1883), philosophe politique, économiste et révolutionnaire allemand.

Cofondateur avec Friedrich Engels du socialisme scientifique, Karl Marx est, à ce titre, l’un des initiateurs du mouvement ouvrier international contemporain. Ses théories politiques et économiques sont à l'origine de l'établissement de régimes communistes dans de très nombreux pays, et il demeure l'un des penseurs qui a le plus fortement marqué le xxe siècle de son empreinte.

2-Premières années

2.1-Un journaliste dérangeant

Né à Trèves (Rhénanie-Palatinat), Karl Marx est issu d'une famille de la bourgeoisie d'origine juive convertie au protestantisme. Il fait ses études de philosophie et de droit aux universités de Bonn, de Berlin et de Iéna. En 1842, peu après la parution de son premier article dans le journal de Cologne, Rheinische Zeitung (la « Gazette rhénane »), de tendance démocratique révolutionnaire, il devient rédacteur en chef de ce journal. Membre du cercle des hégéliens de gauche, ses opinions politiques sont alors plutôt radicales, mais il n'est pas encore communiste. Ses critiques sur les conditions politiques et sociales de l'époque, publiées dans Rheinische Zeitung, lui valent les foudres des autorités prussiennes, qui font interdire le journal, et le poussent à quitter le pays.
2.2
Une rencontre décisive : Friedrich Engels

Karl Marx part alors pour Paris où, après avoir étudié de manière approfondie la philosophie, l'histoire et les sciences politiques, il adopte l'idéologie communiste. Profondément influencé par le saint-simonisme et par les premières formes d'idéologie politique du prolétariat qui voient le jour en France (blanquisme, socialisme et communisme utopique de Charles Fourier, Pierre Joseph Proudhon, etc.), il fréquente assidûment les cercles d'ouvriers socialistes français et allemands émigrés (la Ligue des justes).

En 1844, lors d'une visite de Friedrich Engels, les deux hommes se rendent compte qu'ils sont tous deux arrivés à la même conclusion sur la nature des problèmes révolutionnaires : le communisme, forme la plus radicale de l'idéologie révolutionnaire, leur apparaît alors non plus comme un idéal d'égalitarisme, mais comme « la forme nécessaire et le principe énergétique du futur prochain ». Ils entreprennent alors de collaborer pour expliquer systématiquement les principes théoriques du communisme scientifique et pour organiser un mouvement international de la classe ouvrière tournée vers ces mêmes principes. Leur collaboration s’achève à la mort de Karl Marx, en 1883.
3
Le Manifeste du Parti communiste

3.1
Naissance de la Ligue communiste

En 1845, Karl Marx est sommé de quitter Paris par François Pierre Guillaume Guizot en raison de ses activités révolutionnaires. Il se réfugie alors à Bruxelles (en Belgique), où il organise et dirige un réseau de groupes révolutionnaires dispersés à travers l'Europe et connus sous le nom de Comités de correspondance communistes. Il joue un rôle décisif dans la consolidation de ces comités qui, en 1847, prennent le nom de Ligue communiste. Karl Marx et Friedrich Engels sont chargés de rédiger le programme de cette première organisation ouvrière internationale. Le texte qu'ils soumettent alors, connu sous le titre de Manifeste du Parti communiste (1848), est le premier écrit systématique de la doctrine socialiste moderne ; il est rédigé par Karl Marx, en partie d'après des brouillons de Friedrich Engels. Les auteurs y substituent à la première devise des communistes, « Tous les hommes sont frères », le mot d'ordre et de ralliement « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
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Nietzsche, Friedrich











1-Présentation:

Nietzsche, Friedrich (1844-1900), philosophe allemand, qui formula une critique radicale de la pensée occidentale et de la morale chrétienne.

2-Vie et œuvre:

Nietzsche naquit le 15 octobre 1844 à Röcken (Prusse). Son père, pasteur luthérien, décéda alors qu'il était âgé de cinq ans et il fut élevé par sa mère dans une maison qui abritait sa grand-mère, deux tantes et une sœur. Il fit des études de philologie classique dans les universités de Bonn et Leipzig et fut nommé professeur de philologie classique à l'université de Bâle à l'âge de vingt-quatre ans. De santé fragile (il souffrit toute sa vie d'une mauvaise vue et de migraines), il fut contraint de prendre sa retraite en 1879. Dix ans plus tard, il eut une dépression nerveuse dont il ne se remit jamais.

À l'influence de la culture grecque sur Nietzsche, et en particulier des philosophies de Platon et d'Aristote, s'ajoutèrent celles d'Arthur Schopenhauer, de la doctrine évolutionniste (voir Évolution biologique) et de Richard Wagner.

Écrivain fécond, il publia notamment la Naissance de la tragédie (1872), Ainsi parlait Zarathoustra (1883), Par-delà le bien et le mal (1886), la Généalogie de la morale (1887), l'Antéchrist (1896), Ecce Homo (1908) et la Volonté de puissance (1901), dont il ne subsiste que des fragments.

Selon une des thèses fondamentales de Nietzsche, les valeurs traditionnelles (représentées essentiellement par le christianisme) ont perdu leur emprise sur la vie des individus : « Dieu est mort », proclamait-il, résumant ainsi le « nihilisme passif » de la civilisation moderne. Les valeurs traditionnelles représentaient, à ses yeux, une « morale d'esclaves », une morale créée par des individus faibles et en proie au ressentiment, qui encourageaient la douceur et la gentillesse pour privilégier des comportements servant leur propres intérêts. Nietzsche soutenait qu'il était possible de remplacer ces valeurs traditionnelles en créant des valeurs inédites, projet qui l'amena à élaborer la notion de surhomme (Übermensch).

Nietzsche opposait les masses, conformistes, qu'il qualifiait de « troupeau » ou de « populace », à un homme de type nouveau, assuré, indépendant et individualiste à l'extrême. Le surhomme qu'il appelait de ses vœux a des sentiments profonds mais contrôle rationnellement ses passions. Tourné vers le monde réel plutôt que vers les récompenses promises par la religion dans l'au-delà, le surhomme affirme la vie, y compris la souffrance et la peine qui sont le lot de l'existence humaine. Le surhomme est créateur de valeurs, créateur d'une « morale de maîtres », laquelle reflète la force et l'indépendance de celui qui se libère de toutes les valeurs, à l'exception de celles qu'il juge valables.

Toute conduite humaine, selon Nietzsche, est motivée par la volonté de puissance. Dans son sens positif, la volonté de puissance n'est pas uniquement synonyme de pouvoir sur les autres, mais signifie aussi le pouvoir sur soi, indispensable à la créativité. Une telle puissance est manifeste dans l'indépendance, la créativité et l'originalité du surhomme. Affirmant clairement que l'idéal de surhomme ne s'était jamais réalisé, Nietzsche fit toutefois mention de plusieurs personnages susceptibles de servir de figure emblématique du surhomme, comme Socrate, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe, Jules César et Napoléon.

Le concept de surhomme fut souvent associé à l'idée d'une société de maîtres et d'esclaves, mais cette interprétation, inspirée par un recueil de textes publié par la sœur de Nietzsche après la mort de celui-ci, fut souvent contestée.

3-Influence:

Poète reconnu, Nietzsche exerça une profonde influence sur la littérature allemande, ainsi que sur la littérature française et la théologie. Ses thèses furent discutées et reprises par des figures aussi prestigieuses que les philosophes allemands Karl Jaspers et Martin Heidegger, le philosophe juif d'origine allemande Martin Buber, le théologien américain d'origine allemande Paul Tillich, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. La proclamation nietzschéenne de la mort de Dieu fut débattue par les théologiens radicaux de l'après-guerre, les Américains Thomas J. J. Altizer et Paul Van Buren, qui s'efforçaient de réhabiliter le christianisme dans les années 1960 et 1970. Voir aussi Existentialisme.

Pythagore







1-Présentation:

Pythagore (v. 570-v. 490 av. J.-C.), philosophe et mathématicien grec.

La vie de Pythagore est auréolée de mystère, et déjà de son vivant, il est une figure légendaire: on a dit que ses parents sont descendants du héros Ancée, fils de Zeus, que lui-même est fils d’Apollon, qu’il a passé trois fois neuf jours aux Enfers, ou qu’il est doté de pouvoirs surnaturels.

Originaire de l’île de Samos, Pythagore est initié aux enseignements des premiers philosophes ioniens Thalès, Anaximandre et Anaximène. Il aurait quitté Samos pour échapper à la tyrannie de Polycrate. Vers 530 av. J.-C., il s’établit à Crotone, colonie grecque dans l’Italie du Sud, où il fonde une école, connue sous le nom d’école pythagoricienne. On connaît la philosophie de Pythagore uniquement par l’œuvre de ses disciples.

2-Doctrines de base:


Outre une visée politique, la confrérie fondée par Pythagore a également une dimension morale et religieuse. Les pythagoriciens adhèrent à certains mystères, semblables à bien des égards aux mystères de l’orphisme. Obédience et silence, abstinence de nourriture, simplicité vestimentaire, modestie des possessions et examen de conscience, telles sont leurs règles. Les pythagoriciens croient à l’immortalité et à la transmigration des âmes (métempsycose). On rapporte que Pythagore lui-même prétendait avoir été un guerrier de la guerre de Troie, et qu’il se targuait d’avoir pu emporter dans sa vie terrestre le souvenir de toutes ses existences antérieures.

3-Théorie des nombres:

Chez les pythagoriciens, le Nombre est souverain. Par leurs recherches, ils ont doté les mathématiques d’un fondement scientifique. Ainsi, leurs travaux sur les nombres pairs et impairs, et les nombres premiers et carrés ont eu une importance fondamentale dans la théorie des nombres. Le concept de nombre devient pour eux le principe ultime de toute proportion, ordre et harmonie dans l’univers.

En géométrie, la grande découverte de l’école est le théorème de l’hypoténuse, ou théorème de Pythagore, qui établit que le carré de l’hypoténuse d’un triangle rectangle est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.

4-Astronomie:

L’astronomie des pythagoriciens marque une étape importante dans la pensée scientifique antique, parce qu’ils sont les premiers à considérer la Terre comme un globe gravitant avec d’autres planètes autour d’un feu central. Ils soutiennent que la disposition harmonieuse des corps célestes s’explique par le fait qu’ils se situent dans une sphère de réalité unique et englobante, se déplaçant selon un plan numérique. Selon eux, les corps célestes sont séparés les uns des autres par des intervalles correspondant aux longueurs harmonieuses des cordes, le mouvement des sphères est ainsi à la source d’un son musical, l’« harmonie des sphères ».

dimanche 28 décembre 2008

Descatres







1-Présentation:

Descartes, René (1596-1650), philosophe, scientifique et mathématicien français, un des promoteurs du rationalisme moderne.

Descartes est né à La Haye (aujourd’hui Descartes, Indre-et-Loire), d’un père conseiller au Parlement de Rennes, et d’une mère décédée un an après sa naissance. De 1607 à 1615, il suit l’enseignement des jésuites au collège royal de La Flèche. En 1616, il passe à Poitiers une licence en droit, mais n’embrasse pas la carrière qui s’ouvre à lui. Il prend les armes et commence à voyager. En 1618, à Breda (Pays-Bas), il fait la rencontre d’Isaac Beeckman qui oriente de manière décisive sa vocation scientifique, puis voyage en Allemagne et en Italie. De 1625 à 1628, il fréquente les milieux scientifiques et littéraires parisiens, puis s’installe aux Pays-Bas, où il rédige l’essentiel de son œuvre philosophique et scientifique. Directement, ou par l’intermédiaire de l’abbé Mersenne, il est en contact avec de nombreuses personnalités scientifiques de l’époque, notamment Bérulle, Gassendi, Hobbes, Fermat, Arnauld et Pascal. Appelé à la cour de Suède en 1649, il meurt peu après à Stockholm, le 11 février 1650, léguant à la postérité une œuvre féconde et profondément novatrice.

2-L’unité du savoir:

Dès l’élaboration des Règles pour la direction de l’esprit (inachevé, v. 1628), Descartes affirme l’unité du savoir et de l’esprit humain, nonobstant la diversité des objets auxquels il s’applique. Toutes les sciences sont subordonnées à une science première, la mathesis universalis, science universelle de l’ordre et de la mesure. C’est cette intuition fondamentale qui sous-tend le célèbre Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences (publié sans nom d’auteur, 1637), dont le titre initialement prévu était Projet d’une Science universelle qui puisse élever notre nature à son plus haut degré de perfection. C’est encore cette idée de l’unité de la science qui réapparaît dans la Lettre-préface des Principes de la philosophie (1644, et 1647 pour la traduction française) où Descartes présente toute la philosophie comme un arbre dont « les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ».


3-La méthode:


La découverte de la vérité dans les sciences est conditionnée par l’observation de « règles certaines ». Ces règles n’ont rien de commun avec la méthode syllogistique, et les préceptes de la logique aristotélicienne traditionnellement enseignés dans les écoles, que Descartes juge stériles. Par son rejet de la logique aristotélicienne et sa recherche d’une méthode susceptible d’être appliquée à tous les domaines de la connaissance, l’entreprise de Descartes suit une voie déjà tracée en France par Ramus, en Angleterre par Bacon, ou en Italie par Campanella.

Le fondement de la méthode cartésienne est le rejet des connaissances conjecturales, et l’obéissance stricte à la règle d’évidence (« ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle »). Toute démarche scientifique suit un cheminement qui doit commencer par les notions les plus simples, « claires et distinctes », et parvenir, par voie déductive, aux notions les plus composées qui dépendent des premières. Par leur procédé déductif et « l’évidence de leurs raisons », les mathématiques, et particulièrement la géométrie, fournissent le modèle méthodologique applicable à tous les champs du savoir.

4-Métaphysique:

La méthode s’applique à tous les domaines du savoir, y compris la métaphysique. Dans le Discours de la méthode, puis surtout dans les Meditationes de prima philosophia (1641, titre latin original des Méditations métaphysiques), Descartes reprend les arguments du scepticisme pour rejeter toutes les connaissances qui ne résistent pas à la mise en doute. Mais le scepticisme est dépassé avec la découverte d’une vérité absolument première et indubitable, ego sum, ego existo (« je suis, j’existe »), qui devient avec Descartes le fondement et le premier principe de toute connaissance. Ceci permet de mettre en évidence que l’esprit, ou res cogitans, ou encore « substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser », est entièrement et réellement distinct du corps auquel il est uni. La métaphysique cartésienne prouve l’existence de la nature pensante (l’âme), l’existence de Dieu (en reprenant l’argument ontologique de saint Anselme), et l’existence des choses matérielles (le monde). La théorie de la création des vérités éternelles, exposée dans les lettres à Mersenne de 1630, distingue Descartes à la fois de ses devanciers et de ses successeurs : alors que théologiens et philosophes soutiennent une certaine indépendance des vérités mathématiques et logiques par rapport à Dieu, Descartes considère au contraire que toute espèce de vérité dépend de Dieu — et non l’inverse : en tant que telle, toute vérité dépend d’une instauration arbitraire. Dieu, « puissance incompréhensible », a voulu que deux et deux fassent quatre, ou que deux propositions contradictoires ne puissent être simultanément vraies, mais il « aurait pu » vouloir et faire autrement.

5-Mathématique, physique, physiologie:

Systématisant la géométrie analytique, il s’efforce le premier de classer les courbes d’après le type d’équations complexes qui les produisent. En mathématiques, on lui doit aussi l’usage consistant à utiliser les dernières lettres de l’alphabet pour désigner les valeurs inconnues, et les premières pour les valeurs connues, ainsi que la notation en exposant pour exprimer la puissance d’un nombre.

Toute la physique de Descartes est exposée dans le Monde (v. 1633), ouvrage que la condamnation de Galilée, en 1633, l’empêche de publier. Elle ne sera donc publiée que dans les parties II à IV des Principes de la philosophie (1644). La physique repose sur l’identification de la matière avec la pure et simple quantité géométrique (materia vel quantitas). Toutes les « formes substantielles » et les « qualités réelles » de la scolastique sont bannies du monde physique : la pesanteur et le mouvement sont ramenés à une explication purement mécaniste. Le monde n’est ni fini, ni infini, mais indéfini. L’existence du vide est rejetée comme contradictoire. Le principe d’inertie est acquis et clairement énoncé pour la première fois.

En physiologie, le modèle mécanique et l’automate servent de paradigme pour l’explication scientifique du vivant (Traité de l’Homme, v. 1633 ; Description du corps humain, 1648).

6-Morale et politique:

Lecteur de Montaigne, et conscient comme lui de l’inconstance des mœurs, Descartes pose néanmoins les fondements d’une éthique originale, quoiqu’influencée par le néo-stoïcisme chrétien de Juste Lipse et Guillaume du Vair. Développée dans la IIIe partie du Discours de la méthode, la correspondance avec Élisabeth et Chanut (1643-1649), et le Traité des Passions de l’Âme (1649), la morale cartésienne assimile la vertu à la ferme résolution de bien faire, et au « bon usage du libre arbitre », aussi appelé « générosité ». À l’opposé de l’ascétisme moral, Descartes ne condamne pas les passions, nécessairement éprouvées par l’esprit en tant qu’il est uni au corps, et reconnaît en elles un élément essentiel du bonheur.

7-Réception et postérité du cartésianisme:

En son temps, Descartes a eu à faire face à l’hostilité des jésuites (Réponses aux septièmes objections) et de théologiens hollandais (Voetius). Sa tentative pour faire enseigner sa philosophie à l’université par l’intermédiaire du médecin Regius est un échec, et les deux hommes se brouillent. Malgré ces difficultés, la pensée cartésienne a profondément marqué toute la philosophie moderne. Malebranche, Pascal, Spinoza et Leibniz prennent appui sur son œuvre pour en prolonger les problématiques et pour la dépasser. La réception du cartésianisme se caractérise par quatre orientations majeures : la mise en relief de l’analyse des idées et des sensations (Locke, Berkeley, Hume), l’essor du mécanisme (La Mettrie), l’idéalisme (Kant, Fichte) qui prolonge l’affirmation du sujet transcendantal (condition de l’expérience), enfin une perspective rationaliste, voire positiviste. Ainsi l’on pourrait dire, en paraphrasant le propos de Withehead sur Platon, que toute la philosophie moderne s’écrit « dans les marges de Descartes ».

samedi 20 décembre 2008

Melanie Klein

1-Présentation:

Klein, Melanie (1882-1960), psychanalyste autrichienne.

À l’origine de nouvelles techniques thérapeutiques pour les enfants, basées sur le jeu, Melanie Klein a poursuivi une réflexion théorique prolongeant les concepts freudiens et inaugurant une nouvelle école de pensée, le kleinisme.


2-Une histoire familiale jalonnée de deuils:
Née à Vienne, Melanie Reizes est la fille d’un médecin issu d’une famille juive orthodoxe. Dernière de quatre enfants, elle voit mourir l’une de ses deux sœurs en 1887, son père en 1900, puis son frère en 1902. Alors qu’elle se destine à des études de médecine, avec une spécialisation en psychiatrie, elle y renonce au moment de son mariage, en 1903, avec un ingénieur chimiste, Arthur Klein, avec lequel elle a trois enfants. Sa curiosité intellectuelle l’amène cependant à s’intéresser à la psychanalyse, en plein essor dans l’Europe du début du xxe siècle.

Après avoir déménagé avec son mari à Budapest (Hongrie) en 1910, elle renoue avec l’effervescence intellectuelle de sa jeunesse. Très affectée par la mort de sa mère, en 1914, elle est sujette à des états dépressifs et entame une psychanalyse personnelle et une formation à l’analyse sous la supervision de Sándor Ferenczi, l’un des disciples les plus influents de Sigmund Freud. Elle entreprend d’éduquer son plus jeune fils (Erich, né en 1914) selon les principes de la psychanalyse et, en 1919, elle devient membre de la Société hongroise de psychanalyse. En 1921, après s’être séparée de son mari, elle s’installe à Berlin, invitée à poursuivre ses observations cliniques d’enfants auprès d’un autre disciple de Freud, Karl Abraham. C’est à cette époque qu’elle effectue de nombreuses cures analytiques, dont elle présente les conclusions cliniques et les portées théoriques dans la Psychanalyse des enfants (1932).

3-Une place controversée dans le monde psychanalytique:
Melanie Klein commence à s’imposer comme une théoricienne de première importance dès 1926. Cette année marque son arrivée à Londres — à la suite de la mort de son « protecteur » Karl Abraham — et son entrée dans la récente Société britannique de psychanalyse. Son aura grandissante ne lui épargne pas les critiques, principalement celles d’Anna Freud, depuis Vienne. La fille de Freud considère que les psychanalyses d’enfants sont des thérapies éducatives, alors que Melanie Klein souhaite adapter tous les principes de l’analyse d’adultes, dont le transfert, à l’analyse d’enfants. Les deux psychanalystes s’opposent également sur les débuts de la vie psychique, avant (selon Melanie Klein) ou après (pour Anna Freud) l’âge de un an.

Tout en continuant ses réflexions, notamment sur l’opposition entre pulsion de vie et pulsion de mort, Melanie Klein fait face à des critiques de plus en plus virulentes de l’école viennoise, tout en étant soutenue par de nombreux psychanalystes britanniques. D’abord théoriques et cliniques (la formation des analystes), les dissensions deviennent politiques et de pouvoir avec, en 1938, l’arrivée à Londres des « Viennois » qui fuient avec Freud le régime nazi. L’école kleinienne se précise dans les années 1940 et, en 1955, Melanie Klein fonde l’association The Melanie Klein Trust Fund afin de développer ses axes de recherche.

Après sa mort, son influence reste forte, principalement en France, en Angleterre et en Amérique latine, et le mouvement kleinien est toujours présent dans de nombreuses sociétés psychanalytiques, nationales ou internationales.

4-La psychanalyste des enfants:
La Psychanalyse des enfants introduit des éléments majeurs de la théorie kleinienne. En particulier, Melanie Klein repense le complexe d’Œdipe, en le situant à un âge plus précoce que ne le pense Freud. Pour elle, celui-ci ne se déroule pas au cours de la cinquième année, mais au moment du sevrage du nourrisson. Elle démontre donc la formation précoce du conflit œdipien mais aussi du surmoi, ainsi que leurs conséquences sur le développement de l’ego, de la sexualité infantile et des troubles psychiques. Elle considère la psychanalyse comme un moyen d’aider les enfants à se débarrasser de leur culpabilité en dirigeant vers le thérapeute les sentiments agressifs et œdipiens qu’ils ne peuvent pas adresser à leurs parents. Pour Melanie Klein, l’enfant a besoin de remettre en question la perfection supposée de ses parents, en même temps que son propre sentiment de toute-puissance diminue. Elle montre également l’importance et la banalité des pulsions sadiques des enfants les uns envers les autres.

L’apport théorique et conceptuel de Melanie Klein repose essentiellement sur les psychanalyses d’enfants, dont le support principal est la technique du jeu. Le jeu constitue un mode d’accès privilégié à l’univers inconscient des enfants, comme le sont les associations libres pour les adultes. L’enfant attribue aux jouets des rôles et des fonctions, identiques ou différents selon les séances. Par le langage du jeu, l’enfant exprime ses angoisses et ses émotions.

Parmi un grand nombre d’élaborations théoriques, Melanie Klein revoit la théorie du développement en s’éloignant de la notion des stades libidinaux et en privilégiant la relation d’objet (ou relation objectale) — elle introduit cette conception dans son article Contribution à l’étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs (1934) et la poursuit dans le Complexe d’Œdipe éclairé par les angoisses précoces (1945) et ses Notes sur quelques mécanismes schizoïdes (1946). La relation objectale est la relation qu’un enfant entretient avec l’objet vers lequel se tournent ses pulsions. L’objet est ce qu’il investit affectivement ; il devient interne quand il est intégré au psychisme de l’enfant. D’abord partiel (le sein maternel), l’objet peut devenir total (la mère). Melanie Klein définit deux phases successives liées à ces objets. La phase schizoparanoïde, au cours des premiers mois de la vie d’un enfant, correspond au sentiment que sa mère fait partie de lui ; l’enfant combat la perte de cet objet. La seconde phase, dite dépressive, est celle de la perte et de son acceptation. Pour Melanie Klein, les deuils qui jalonnent la vie réactivent cette position dépressive.

Ernst Bloch

Ernst Bloch :(1885-1977) est un philosophe allemand qui s'inscrit dans la lignée des marxistes « non-orthodoxes » tels Georg Lukács (durant les années 1920), Antonio Gramsci, Karl Korsch ou encore les penseurs de l'École de Francfort.

Son premier ouvrage, L'esprit de l'utopie, paru au début des années 1920, fit de lui l'un des principaux théoriciens du concept d'utopie à la lumière de la tradition hégéliano-marxiste. Cette première publication eut une influence considérable sur plusieurs de ses contemporains, tels Walter Benjamin et Theodor W. Adorno.

Après la publication de son ouvrage antinazi Héritage de ce temps (1935), Bloch fut contraint de quitter l'Allemagne pour New York. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il refusa une chaire à l'Université Goethe de Francfort pour une chaire à l'Université Karl Marx de Leipzig (1949). C'est alors qu'il commence à faire paraître son ouvrage majeur Le principe espérance (3 vol., 1954-1959) où il s'interroge à nouveau sur le concept d'utopie en adoptant une méthode « archéologique », traquant dans l'histoire mondiale et dans la culture de masse américaine les ferments de l'utopie en même temps que les sources de l'appauvrissement de l'« espérance ».

Opposé au marxisme stalinien, Ernst Bloch défend la nécessité de l'utopie qui, à ses yeux, n'a rien d'une forme d'aliénation. Pour ce marxiste non-orthodoxe, l'utopie permet de repenser l'histoire. En fait, l'expérience utopique est l'occasion d'une prise de conscience renouant - comme plusieurs l'ont remarqué - avec une forme de messianisme moderne.

Ouvrages:

Traductions françaises:

  • Traces, Paris, Gallimard, 1968 (1998, coll. Tel), ISBN 2070750582
  • Thomas Munzer: théologien de la révolution, Paris, UGE, 10/18, 1975.
  • Droit naturel et dignité humaine, Paris, Payot, 1976.
  • L'esprit de l'utopie, Paris, Gallimard, 1977.
  • Héritage de ce temps, Paris, Payot, 1977.
  • Sujet-Objet. Éclaircissements sur Hegel, Paris, Gallimard, 1977.
  • L'athéisme dans le christianisme: la religion de l'Exode et du Royaume, Paris, Gallimard, 1978.
  • Experimentum mundi: question, catégories de l'élaboration, praxis, Paris, Payot, 1981.
  • Le principe espérance, 3 vol., Paris, Gallimard, 1976, 1982, 1991.
  • La philosophie de la Renaissance, Paris, Payot, 1994. Une étude de la Renaissance à partir de Giordano Bruno, de Paracelse, Francis Bacon, Galileo Galilei, Kepler, Isaac Newton et Machiavel, accessible aux non-initiés et excellente introduction à la pensée de cet auteur (Rééd.: Payot-poche, 2007, ISBN 2228901628.

Titres originaux:

  • Kritische Erörterungen über Heinrich Rickert und das Problem der Erkenntnistheorie, Dissertation, 1909.
  • Geist der Utopie, 1918.
  • Thomas Müntzer als Theologe der Revolution, München, 1921.
  • Spuren, Berlin, 1930.
  • Erbschaft dieser Zeit, 1935.
  • Freiheit und Ordnung, Berlin, 1947.
  • Subjekt - Objekt, 1949.
  • Christian Thomasius, 1949.
  • Avicenna und die aristotelische Linke, 1949.
  • Das Prinzip Hoffnung, 3 vol., 1954-1959.
  • Naturrecht und menschliche Würde, 1961.
  • Tübinger Einleitung in die Philosophie, 1963.
  • Atheismus im Christentum, 1968.
  • Politische Messungen, 1970.
  • Das Materialismusproblem, seine Geschichte und Substanz, 1972.
  • Experimentum Mundi. Frage, Kategorien des Herausbringens, Praxis, 1975.

Edgar Morin







1-Présentation:

Morin, Edgar (1921- ), philosophe et sociologue français.
Les travaux de recherche d’Edgar Morin se sont particulièrement portés sur l’élaboration d’une méthode de pensée visant à relever le défi de la complexité qui s’impose, dans le monde actuel, non seulement à la connaissance scientifique, mais également aux problèmes humains, sociaux et politiques.


2-Le champion de l’interdisciplinarité:
Né à Paris, Edgar Nahoum fait des études de droit, d’histoire, de philosophie, de sociologie et d’économie. En 1942, il obtient une licence en histoire et géographie ainsi qu’une licence en droit. Dès 1941, il entre dans la Résistance, où il prend le nom de Morin, qu’il conserve par la suite. Il adhère aussi au Parti communiste, « à un moment où l’on sentait, pour la première fois, qu’une force pouvait résister à l’Allemagne nazie ». Il en sera exclu dix ans plus tard, en 1951. À la Libération, l’ancien lieutenant des Forces françaises combattantes est nommé dans l’Allemagne occupée. C’est là, en 1946, qu’il publie son premier ouvrage, l’An zéro de l’Allemagne. Il commence aussi la rédaction de l’Homme et la Mort (1951).
Edgar Morin entre en 1950 au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En 1960, il fonde, au sein de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), le Centre d’étude de communication de masse (CECMAS) avec Georges Friedmann et Roland Barthes, avec le souci d’adopter une démarche transdisciplinaire, et crée la revue Communications. Il est également le fondateur de la revue Arguments (1957-1963). Nommé directeur de recherche au CNRS en 1970, il codirige de 1973 à 1989 le Centre d’études transdisciplinaires de l’EHESS, qui a succédé au CECMAS.

3-Une œuvre prolixe:
Edgar Morin consacre une partie importante de ses recherches à la sociologie contemporaine et aux problèmes de la communication de masse, en s’efforçant d’en appréhender la complexité anthropo-sociale par la prise en compte des dimensions biologique et imaginaire. Il se fait connaître par le Cinéma et l’Homme imaginaire (1956) et, dès 1957, il publie les Stars, ouvrage de référence questionnant le système américain de « culture de masse ». Il approfondit son analyse des rapports entre le réel et l’imaginaire dans la culture de masse diffusée par les médias dans l’Esprit du temps (1966). Avec la Rumeur d’Orléans (1969), il tente de saisir le phénomène de la rumeur, en étudiant la propagation d’une information vague, imprécise et toute-puissante, fondée sur l’antisémitisme, auprès de personnes plus ou moins crédules.
En 1967, Edgar Morin publie Commune en France : la Métamorphose de Plodémet (1967), un ouvrage tiré d’une étude multidisciplinaire menée sur une commune de Bretagne, Plozévet, et réunissant sociologues, anthropologues, géographes, médecins. Il se fait ensuite l’avocat d’une sociologie du présent, dite « événementielle » (Journal de Californie, 1970 ; le Paradigme perdu : la nature humaine, 1973). Tout au long de sa vie et de son œuvre, il analyse l’état du monde et les problèmes fondamentaux de l’époque, comme en témoignent une longue série d’ouvrages : Pour sortir du xxe siècle (1981), Penser l’Europe (1987), Terre-Patrie (1993), Pour une politique de civilisation (2002), la Violence du monde (2003, avec Jean Baudrillard), le Monde moderne et la question juive (2006).

4-Le théoricien de la pensée complexe:

À partir des années 1970, Edgar Morin se lance dans une vaste aventure intellectuelle qui prend la forme d’une œuvre intitulée la Méthode et qui paraît en 6 volumes — t1. la Nature de la nature (1977) ; t2. la Vie de la vie (1980) ; t3. la Connaissance de la connaissance (1986) ; t4. les Idées. Leur habitat, leur vie, leurs moeurs, leur organisation (1991) ; t5. l’Identité humaine (2001), t6. Éthique (2004). Vaste synthèse à caractère pluridisciplinaire, cette œuvre tente d’intégrer tous les savoirs, philosophiques comme scientifiques, et de « trouver les instruments permettant de relier les connaissances éparses et distinctes ». Elle est en effet fondée sur un double constat : d’une part, celui d’une rupture culturelle entre la culture des humanités, qui apprend à contextualiser et à situer une connaissance dans un ensemble organisé, et la culture scientifique, qui tend au contraire à se spécialiser et à se clore sur elle-même ; et, d’autre part, celui de la désintégration des « piliers de certitude » sur lesquels reposaient les sciences jusqu’au xxe siècle, en premier lieu le dogme d’un déterminisme universel et de la souveraineté absolue de l’ordre. Dans ce cadre, Edgar Morin entend proposer une « réforme de la pensée » visant à relever « le défi de la complexité qui réside dans le double défi de la reliance et de l’incertitude. Il faut relier ce qui était considéré comme séparé. En même temps, il faut apprendre à faire jouer les certitudes avec l’incertitude. La connaissance est en effet une navigation dans un océan d’incertitudes parsemé d’archipels de certitudes. » La pensée de la complexité « englobe au lieu de séparer, relie au lieu de segmenter », tout en distinguant.
S’appuyant sur les théories de l’information, de la cybernétique et des systèmes et repensant la relation ordre-désordre-organisation, Edgar Morin inaugure et ouvre un champ nouveau d’investigations, à savoir la complexité des systèmes, et développe trois principes fondamentaux : le principe de la « boucle récursive ou autoproductive », qui rompt avec le principe de causalité linéaire, et selon lequel les causes agissent sur les effets, et les effets sur les causes (par leurs interactions, les individus produisent la société et la société produit de l’humanité en apportant des qualités telles que la culture et le langage qui rétroagissent sur les individus) ; le principe de la « dialogique », qui consiste à associer des notions, des idées et des vérités antagonistes afin d’appréhender une même réalité ; le principe « hologrammique », selon lequel non seulement la partie est dans le tout mais le tout est dans la partie (si l’individu est une partie de la société, la société, en tant que tout, est également présente dans chaque individu à travers son langage et sa culture).
Edgar Morin est le fondateur et le président de l’Association pour la pensée complexe (APC).

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samedi 13 décembre 2008

Alain(emile chartier)







1-Présentation:

Alain: (1868-1951), professeur, philosophe et essayiste français, célèbre pour ses Propos.

2-Un esprit libre et un maître à penser
:


Né à Mortagne-au-Perche (Orne) d’un père chirurgien vétérinaire, Émile-Auguste Chartier — qui adoptera plus tard le pseudonyme Alain —, fait ses études au lycée de Vanves, près de Paris. Il y reçoit l’enseignement — déterminant pour son évolution intellectuelle — de Jules Lagneau (1851-1894), son professeur de philosophie, pour lequel la pensée philosophique est l’exercice même de la liberté. Élève de l’École normale supérieure puis agrégé de philosophie (1892), il enseigne ensuite dans plusieurs lycées de province, tout en publiant régulièrement des articles dans un journal radical, la Dépêche de Rouen.

Nommé professeur de philosophie et de rhétorique à Paris, il exerce une influence considérable sur des générations d’étudiants (dont beaucoup se feront un nom dans les lettres ou la politique), leur enseignant non pas ce qu’il faut penser, mais comment il faut penser. De la Grande Guerre, au cours de laquelle il sert dans l’artillerie en qualité d’engagé volontaire (à quarante-six ans), il garde un profond pacifisme qui s’exprime dans Mars ou la Guerre jugée (1921). Après l’armistice, il reprend ses activités d’écrivain et de professeur au lycée Henri IV, avant de se retirer au Vésinet, dans les environs de Paris, où ses disciples lui rendent régulièrement visite.

Ses principaux ouvrages sont les Idées et les Âges (1927), Idées (1932), les Dieux (1934) et les Aventures du cœur (1945). En 1951, l’ensemble de son œuvre a été couronnée par le premier grand prix national de littérature, seule distinction qu’il ait jamais acceptée.

3-Les Propos, une autre idée de la philosophie:


Occupant une place unique parmi ses écrits, forme originale de textes philosophiques, les Propos (composés à partir de 1906) allient un point de départ journalistique — événement récent, remarque ou discours rapportés — et une démarche philosophique rigoureuse, réalisant ainsi l’ambition philosophique d’Alain : soumettre ce qui arrive au jugement. Ils constituent de fait la plus grande partie de son œuvre écrite. Parus quasi quotidiennement, ces quelque cinq mille articles, exemplaires par leur souci de soumettre les événements, même les plus insignifiants en apparence, à la pensée, ont gardé toute leur puissance. Une sélection de ses Propos a été regroupée par thèmes : outre ses célèbres Propos sur le bonheur (1928), ses écrits politiques ont été rassemblés en trois séries de Propos : Éléments d’une doctrine radicale (1925), le Citoyen contre les pouvoirs (1926), Propos de politique (1934). Radical, à contre-courant des grands systèmes de pensée et des engouements de l’époque, Alain y prône la vigilance du citoyen à l’égard de tous les pouvoirs et l’impossibilité pour l’esprit de se soumettre à quelconque autorité.

vendredi 12 décembre 2008

Hegel











Hegel, Georg Wilhelm Friedrich : (1770-1831), philosophe idéaliste allemand, auteur de la Phénoménologie de l'esprit, qui fut l'un des penseurs les plus influents du XIXe siècle.
La vie:
En 1788, ses études secondaires achevées, le jeune Hegel quitte sa ville natale pour étudier la théologie à Tübingen. C'est l'époque de premières lectures de Kant, de Rousseau et des auteurs qui ont marqué le mouvement des « lumières » (Aufklärung), dans l'esprit moraliste et libéral duquel Hegel aborde les problèmes politiques alors au centre de ses réflexions : la tradition veut qu'en 1791, avec ses camarades de chambre Hölderlin et Schelling, Hegel ait planté un arbre de la liberté dans les environs de Tübingen.
Diplômé en théologie, il accepte en 1793 – plutôt que de s'engager dans une carrière pastorale – un poste de précepteur dans une famille de Berne, charge qu'il occupera trois ans. De cette période datent des réflexions religieuses dont témoignent divers fragments posthumes – une Vie de Jésus (1795), une Critique de l'idée de religion positive (1795-1796), un poème, Eleusis – dans lesquels transparaît une admiration nostalgique pour la culture grecque, sur laquelle se greffent diverses tentatives de concilier hellénisme et christianisme à partir du rapprochement des personnes de Socrate et du Christ. Des trois années suivantes (1797-1800), qu'il passe à Francfort, où il a accepté un nouveau préceptorat, datent un essai politique sur la Constitution du Würtemberg, un fragment sur l'Esprit du christianisme et son système et, première ébauche philosophique, le Fragment de système, en partie perdu.
L'héritage que la mort de son père vient de lui laisser lui permet à partir de 1801 de se consacrer entièrement à son activité philosophique. Il rejoint Schelling à Iéna et y fonde avec lui le Journal critique de philosophie (1802-1803), où paraît son premier écrit publié, la Différence des systèmes philosophiques de Fichte et de Schelling, que suivront l'Essence de la critique philosophique, la Philosophie et le sens commun, le Rapport du scepticisme et de la philosophie et Foi et savoir, tandis qu'il donne au Journal littéraire d'Erlangen des articles sur F. Bouterwek, J. F. C. Werneburg, R. F. W. Gerstäcker, etc. Il soutient en même temps, pour accéder à l'enseignement, une dissertation qui, sous le titre De orbitis planetarum, tente de justifier par une déduction a priori les lois de Kepler. De cette époque datent encore trois textes posthumes, un essai sur la Constitution de l'Allemagne, un autre sur le Droit naturel et la Logique d'Iéna, cours qu'il professa lorsque sa dissertation lui eut ouvert les portes de l'enseignement.
Après l'adhésion à la pensée de Fichte, ces années d'Iéna constituent ce que l'on pourrait appeler une période schellingienne, Hegel les passant en quelque sorte sous la tutelle de son ancien camarade de séminaire, dont il se borne le plus souvent à défendre la Naturphilosophie contre les critiques qu'une œuvre déjà abondante lui avait suscitées. Ce sera donc pour lui une manière de libération lorsqu'en 1803 Schelling quittera Iéna pour Würzburg, libération d'où naîtra la Phénoménologie de l'esprit, qui, achevée au soir de la bataille d'Iéna, paraît en 1807, contemporaine de l'écrasement de la Prusse par les armées napoléoniennes.
Après un séjour à Bamberg, où il s'occupe d'un journal (1807-1808), Hegel retrouve l'enseignement avec la direction du gymnase Saint-Gilles, à Nuremberg, qu'il conservera de 1808 à 1816. La matière de cet enseignement est publiée en 1812 dans la Propédeutique philosophique. De 1812 à 1816 suivront les trois volumes de la Science de la logique ; entre-temps, il s'était marié (1811).
C'est à Heidelberg, où il est nommé en 1816, que commence sa carrière universitaire proprement dite et qu'il pourra développer plus amplement son système, dont le plan est donné en 1817 dans l'Encyclopédie des sciences philosophiques. Nommé à la chaire de Berlin en 1818, il ne quittera plus ce poste, se consacrant au développement de sa pensée dans des cours dont le succès ne cesse de croître, et, hors des Principes de la philosophie du droit (1821), il ne fera plus rien paraître que quelques articles dans les Annales de critique scientifique, qu'il fonde en 1827. Son dernier écrit, Sur le Reform bill anglais, est une mise en garde contre le réformisme libéral, inspirée par les craintes que la révolution de Juillet avait fait naître. Il meurt le 14 novembre 1831, à Berlin, emporté par l'épidémie de choléra.

L'œuvre

À la fin de la vie de Hegel, son enseignement, devenu à peu de chose près philosophie officielle de la Prusse, avait atteint un vaste public devant lequel se poursuivait le développement scolastique et monotone des différentes sections du système. Il fallut la publication posthume des écrits de jeunesse pour réanimer cet édifice impassible que les querelles d'héritage entre gauche et droite hégéliennes n'étaient pas parvenues à troubler. Cette seconde jeunesse, en effet, déchirait la figure du penseur entre deux visages antithétiques, l'un académique et conservateur, l'autre romantique et révolutionnaire, et bientôt l'œuvre se voyait assigner, selon les commentateurs, trois centres : les écrits théologiques de jeunesse, le système lui-même, la Phénoménologie de l'esprit, œuvre où s'effectue leur articulation.
Les premiers écrits (1793-1807)
Les années de « formation » (Bildung) de Hegel sont marquées par de nombreuses lectures, une attention inquiète aux problèmes de l'époque et la confrontation constante de ceux-ci avec celles-là. Trois moments scandent cette période, dominée par l'expérience douloureuse d'une contradiction opposant la culture et la vie de l'époque, expérience qui sera retracée en des termes encore historiques ou religieux plutôt que proprement philosophiques.
Hegel semble d'abord adhérer à un rationalisme moralisant hérité de l'Aufklärung, puis de Kant, mais qui se situe sous l'influence plus directe de Fichte.
Un revirement se dessine vite, et le moralisme est dénoncé pour ce qu'il a d'autoritaire et d'abstrait : le devoir, en effet, commande, et il le fait au nom d'une loi qui, issue de la raison, ignore la réalité. Au « devoir-être » (Sollen), dont le culte définira plus tard la « belle âme », il faut donc opposer cette réalité et, contre les généralités formelles et abstraites issues de la raison, se soumettre au fait concret et individuel. D'où les études sur la religion « positive », religion née d'un événement historique réel et non pas déduite par la raison, qui, de ce fait, la récuse, virant à la libre pensée, voire à l'athéisme. Il y a donc opposition entre expérience religieuse et philosophie : « Dieu, dit alors Hegel, ne peut être enseigné, ne peut être appris, car il est vie et ne peut être saisi que par la vie. » Remplaçant par la spontanéité de l'amour (le Christ) le légalisme des rapports de droit et de devoir (Abraham, Kant), plaidant pour l'inconscient contre la réflexion, Hegel se joint à Schelling et au romantisme dans l'exécration de l'Aufklärung.
Mais l'inconscient est exclusion, et bientôt Hegel va pousser sa recherche de la totalité jusqu'au point où il devra se séparer de Schelling. En ce point, qu'il baptise notion, s'opère, réalisant l'universel concret, l'union du concept et de la vie. En lui la raison, unie à l'amour, saura enfin accueillir ce que les Aufklärer lui avaient fait rejeter : le cœur, la diversité, les mystères religieux.
Si la tentative kantienne puis fichtéenne d'échapper au dualisme du sujet et de l'objet était louable, elle avorte parce qu'elle consent à le faire au prix de l'abandon d'un de ses termes, l'objet. Mais le dépassement de la philosophie de la subjectivité en une philosophie de l'identité n'est pas suffisant : Schelling n'échappe au dualisme que par la confusion de ses termes. Le véritable monisme exige au contraire que soient conservés les termes antinomiques qui, au lieu d'en constituer les impasses, sont maintenant les ressorts de la raison. Ce mouvement où apparaît le geste dialectique hégélien de l'Aufhebung (qui dépasse en conservant) va rendre de nouveau possible la philosophie, en tant que science de cet absolu auquel l'Aufklärung (relativiste et sceptique) avait renoncé. Cette philosophie, animée par les antinomies, pourra opérer la réconciliation de la culture et de la vie, du constat de séparation desquelles elle était sortie.

Les livres:

La Phénoménologie de l'esprit (Phanomenologie des Geistes).
Ce premier livre, à la rédaction duquel Hegel s'est mis si brusquement qu'il en donnera les chapitres à l'imprimeur, morceau par morceau, au fur et à mesure de leur rédaction, pose plusieurs problèmes à ses commentateurs, comme il n'a d'ailleurs pas cessé de le faire à son auteur lui-même. Quand celui-ci s'est mis au travail, il pensait écrire une « introduction », qui s'est déjà transformée, à la publication, en « première partie du système de la science ». Or, la seconde édition, préparée par Hegel à la veille de sa mort, supprime cette précision. Entre-temps, en effet, la Phénoménologie de l'esprit était devenue une simple rubrique du système (3.1.2.). Mais, dans ce déplacement de l'extérieur, puis du seuil à l'intérieur du système, elle sera amputée de trois chapitres qu'elle développait initialement : rattachée à l'esprit subjectif, elle abandonnera ceux qui traitaient de l'esprit, de la religion et du savoir absolu, qui seront alors répartis entre l'esprit objectif et l'esprit absolu. Ces difficultés que rencontre la localisation de la phénoménologie dans l'ensemble de la pensée hégélienne situent ce qui est sans doute la difficulté majeure de cette dernière : la conciliation de l'exigence de dépassement continu impliquée par une philosophie qui identifie la vie de l'esprit au devenir historique avec l'exigence de clôture, dont on ne voit pas comment ce qui se présente comme système achevé du savoir absolu pourrait l'éviter.
La Phénoménologie est le récit de ce que l'on pourrait appeler la « vocation philosophique » de la conscience ; elle retrace les différentes étapes d'une éducation qui la fait passer de l'état initial de conscience empirique limitée à la pure sensation à l'état final de détentrice du savoir absolu. Éducation qui permettra à la conscience individuelle de devenir, en tant que conscience de soi, conscience de l'esprit de son temps grâce à la médiation des moments de l'histoire universelle et du monde culturel au sein desquels elle se développe. Éducation qui de surcroît aura été celle-là même de Hegel, qui, depuis son enfance, est passé par les déchirements de la conscience malheureuse, ceux de la belle âme, etc., avant la réconciliation finale que son propre système réalise en tant qu'il serait le savoir absolu. Le livre se développe ainsi sur un triple plan : (a) itinéraire « autobiographique » de son auteur lui-même, il se propose (au lecteur) comme (b) un itinéraire type permettant l'accession d'une conscience empirique au savoir absolu, dans la mesure où (c) il est l'itinéraire de l'esprit objectif lui-même dans le cours historique du monde.
Toutefois, ce dernier plan est encore estompé : la Phénoménologie décrit le devenir de la conscience individuelle et ne peut en aucun cas être confondue avec une philosophie de l'histoire.
La conscience est le premier moment. Successivement conscience sensible, puis perceptive, entendement enfin, elle se caractérise par une passivité devant l'objet de qui elle attend la vérité : elle croit connaître autre chose qu'elle-même, mais ne rencontre en fait jamais qu'elle-même. Cette identité de l'objet et du sujet constitue le second moment, la conscience de soi, qui toutefois ne la pose plus sur le mode théorique mais la vit activement dans la dialectique du désir (le besoin qui conduit à l'assimilation de l'objet par le sujet qui s'en nourrit), puis passe à la lutte pour la reconnaissance des consciences de soi individuelles en tant que libres, laquelle aboutit aux rapports de domination et de servitude, et au désir d'une conscience de soi universelle. La raison est cet élément où se réconcilient singulier et universel. D'abord, avec la raison observante, la conscience découvre la raison comme réalité objective dans le monde, comme chose. Avec la raison active, elle veut comme sujet se retrouver elle-même dans l'être, et conduit au donquichottisme qui espère réaliser les désirs de son cœur malgré l'ordre du monde. L'individualité réelle en soi et pour soi, au contraire, ne place pas son but hors du monde (il est bien plutôt de s'y réaliser en utilisant ses lois au lieu de les détruire). Cette réconciliation de la conscience individuelle et de son Autre inaugure la seconde partie de la Phénoménologie ; la seule, remarque J. Hyppolite, à porter effectivement sur « l'esprit » au sens hégélien du terme, puisque jusqu'ici il n'a encore été question que de la conscience. L'esprit sera d'abord esprit vrai (objectif) dans la cité antique, travaillée par le conflit de deux lois : la loi humaine, ou civile, et la loi divine, ou familiale (cf. Antigone). Conflit qui, accentué avec le christianisme, aboutira à l'opposition de deux mondes (celui de la foi et celui de la science) jusqu'à ce que la Révolution française fasse régner de nouveau une loi unique : « Le ciel est descendu sur la terre. » Mais l'opposition se déplace et, au lieu d'être celle de deux lois, devient opposition à l'objectivité de la loi elle-même avec le moralisme de la « belle âme ». Pour elle, l'esprit n'est pas objet, mais sujet, il ne s'incarne donc pas dans l'État mais dans la religion, en attendant que la Philosophie réalise avec l'esprit absolu la synthèse de l'esprit objectif et de l'esprit subjectif.
La Science de la logique (Wissenschaft der Logik).
La Phénoménologie est la science pédagogique qui trace à la conscience le chemin du savoir absolu, science des moments nécessaires à la production de la vérité. La Logique est la science du vrai lui-même : non plus genèse, mais développement du savoir absolu.
La logique est la science de l'idée, et, comme l'idée est la réalité suprême, la logique tient lieu de ce qu'on désignait traditionnellement comme métaphysique. Elle se divise en deux parties : d'une part, la logique objective, qui se subdivise à son tour en logique du concept en tant qu'être (ontologie) et logique du concept en tant qu'essence (où l'être ne se borne plus à simplement être, mais apparaît, sans toutefois encore s'apparaître à soi-même) ; d'autre part, la logique subjective, ou logique du concept en tant que concept, c'est-à-dire en tant que sujet.
Le développement de la logique commence avec l'être pur : l'être qui n'est qu'être et rien d'autre, ne recevant aucune détermination supplémentaire. L'être n'est donc pur qu'à la condition de n'être rien, en quoi il s'identifie à son contraire, le rien ou néant. Toutefois cette identité reste indéterminée tant que n'a pas été posée, avec le devenir, la différence des termes en question. C'est donc le devenir qui permet à l'être de se déterminer en une existence particulière comme être-là (Dasein), de recevoir une qualité qui le définit et le limite. Mais cette limite est en même temps position d'un autre être-là, d'un autre côté de la limite, d'une in-finitude… Ainsi se poursuit (jusqu'à la mesure qui l'achève) la théorie de l'être.
L'essence est le produit des opérations de l'entendement sur l'être par la médiation desquelles l'existence trouve un fondement qui permettra à l'essence d'apparaître, cette apparence (phénomène) ne s'opposant pas à l'essence, mais au contraire en constituant la réalisation.
Immédiateté de l'être et médiateté de l'essence sont reprises et conciliées dans le concept, qui est en soi et pour soi : concept subjectif, il correspond à la logique traditionnelle (concept, jugement, syllogisme) ; concept objectif, il étudie le mécanisme (action externe des objets les uns sur les autres), le chimisme et la téléologie (où la détermination externe est remplacée par l'autodétermination : les objets réalisent le concept dont ils sont porteurs) ; idée, enfin (ou vérité en et pour soi), il est d'abord vie (idée objective et immédiate), puis connaissance (idée subjective), enfin idée absolue sur laquelle se referme le cercle de la logique, car on est revenu à l'être, mais développé dans la totalité de ses moments en une science systématique : la logique elle-même. Science il est vrai qui n'est encore que celle du concept en et pour soi (du concept « divin », dit Hegel), dont la philosophie de la nature développera l'aliénation dans l'extériorité du monde, et la philosophie de l'esprit son retour en soi avec la réalisation de l'esprit absolu par l'humanité.
REMARQUE : le système hégélien n'a pas été développé intégralement. Des cinq livres publiés par Hegel, le premier (Phénoménologie) en est l'introduction, les deuxième et quatrième (Propédeutique et Encyclopédie [Philosophische Propädeutik et Enzyclopädie der philosophischen Wissenschaften im Grundrisse]) de simples résumés scolaires, les troisième et cinquième (Logique et Philosophie du droit) n'en développant que des secteurs particuliers.
Les Principes de la philosophie du droit (Grundlinien der Philosophie des Rechts).
Ils développent, dans la philosophie de l'esprit, la section consacrée à l'esprit objectif, et se situent donc entre l'esprit subjectif et l'esprit absolu.
Le développement de la philosophie de la nature s'était achevé avec la vie animale, qui fait apparaître une intériorité au sein de l'extériorité naturelle elle-même (la nature est l'aliénation de l'idée dans l'extériorité matérielle). Ainsi s'effectue le passage à l'esprit qui, dans son premier moment, l'esprit subjectif (qui n'existe que pour soi), se définit successivement comme âme, conscience, puis sujet spirituel. L'âme est l'esprit immédiat soumis aux déterminations naturelles (géographiques, raciales, etc.). L'esprit immédiat est le « sommeil de l'esprit » dont la phénoménologie décrit le réveil à travers les différentes structures de la conscience, alors que la psychologie étudie les activités du sujet qui culminent et s'unifient avec la volonté libre. L'esprit objectif (qui est en soi) apparaît à ce point.
La préface des Principes soutient que le droit est le lieu où se réalise l'être en soi objectif de l'esprit, et que c'est donc là qu'il faut le rechercher si on désire le connaître au lieu de le dépasser en rêvant un état aussi irréel que subjectif.
L'esprit objectif se divise en trois moments : droit abstrait, Moralität ou moralité subjective, Sittlichkeit ou moralité objective incarnée dans les coutumes et les pratiques d'un peuple.
Le droit abstrait correspond à un formalisme juridique comparable à ce que les théoriciens de l'Aufklärung avaient développé sous le titre du droit naturel. C'est le droit de la personne définie par ses propriétés, donc par ce qui n'est pas elle, ces propriétés elles-mêmes étant garanties par un contrat, par la transformation d'une volonté particulière en volonté commune. Mais la volonté particulière reste dans sa nature différente de la volonté commune, alors même que, dans le contrat, elles coïncident, et, leur coïncidence dépendant de la seule volonté individuelle, la possibilité de l'injustice (de leur non-coïncidence) est une implication originelle du formalisme juridique.
La moralité subjective est celle du sujet qui ne reconnaît d'autre droit que celui dont il est l'origine. Mais, pour réaliser ses projets, il doit les exposer à des interférences étrangères qui l'amèneront, n'y retrouvant plus ses intentions, à refuser la responsabilité de leurs conséquences. Elle est conduite de la sorte aux antinomies de l'intention et de l'action, des fins et des moyens. Antinomies qui ont leur source dans le caractère abstrait et vide de la certitude morale, à la seule autorité subjective de laquelle elle se confie.
Le premier moment de la moralité objective est la famille, où domine l'élément naturel (sexualité) et qui est appelée à se nier elle-même par l'émancipation des enfants. Ceux-ci, devenus à leur tour des individus, entrent dans la société civile (bürgerliche Gesellschaft), où chaque personne poursuit la satisfaction de ses besoins propres dans le cadre de la division du travail. Mais cet atomisme utilitariste est surmonté dans l'État, qui n'est pourtant pas une limite pour la volonté individuelle, car celle-ci ne se réalise vraiment qu'en faisant de lui son but substantiel. Entre les États indépendants, les rapports sont condamnés à rester ceux de volontés particulières ; en cas de conflit, l'invocation d'un droit international ne saurait être qu'un des vœux pieux du moralisme subjectif, leur règlement reposant en réalité sur la décision des armes : au « tribunal du monde » qu'est l'histoire, la guerre est en effet pour les nations la seule forme de procès, du verdict duquel découlera leur contribution à l'histoire universelle. Mais cette violence n'est que la ruse dont la raison se sert pour donner dans le monde une réalité à l'esprit.

Les cours:

Introduction:
Ils ont été publiés en quatre séries : Vorlesungen über die Philosophie der Geschichte (Leçons sur la philosophie de l'histoire, publiées en 1837, complétées en 1840) ; Vorlesungen über die Aesthetik (Leçons sur l'esthétique, 1835-1838) ; Vorlesungen über die Geschichte der Philosophie (Leçons sur l'histoire de la philosophie, 1833-1836) ; Vorlesungen über die Philosophie der Religion (Leçons sur la philosophie de la religion, 1832). Leur contenu peut sommairement se formuler de la façon suivante.
La philosophie de l'histoire:
Dans l'histoire universelle la raison en tant que volonté libre devient consciente d'elle-même. Cette conscience de soi se réalise par la médiation des traces que l'activité humaine dépose sur le sol terrestre (œuvres de l'art, temples des religions…). Est historique tout fait dont l'objectivation en tant que trace se destine à une lecture qui le fera entrer dans la mémoire commune de l'humanité. D'où la distinction de trois mondes : l'Afrique (où règne encore l'âme naturelle, nuit et sommeil de la conscience), l'Asie (Orient : matin de l'histoire), l'Europe (pays de la lumière, non pas celle extérieure du Soleil, mais la lumière intérieure et active de l'esprit occidental au travail).
Si l'Afrique est non historique, dans le monde asiatique, l'histoire ne fait encore que naître. Lui-même se subdivise en trois empires : la Chine et l'Inde (immobiles, elles restent aujourd'hui ce qu'elles étaient il y a des millénaires) ; la Perse, premier empire historique parce que « premier qui ait disparu » : un peuple qui meurt a plus de valeur historique qu'un peuple qui dure.
À l'histoire statique des despotismes orientaux, dont le caractère abstrait écrase toute individualité, le monde européen oppose d'abord l'Empire grec, qui a l'individualité pour principe substantiel et la réalise dans la démocratie. Les individualités s'épanouiront dans leur diversité (variété des cités, éparpillement géographique des îles, etc.), qui, devenue principe de division et de rivalités, les livrera à la conquête romaine.
L'Empire romain rassemble sous sa domination universelle tous les peuples particuliers. À l'individu concret succède alors la personnalité juridique. La destruction viendra ici de l'opposition de la subjectivité et de l'État qu'introduira le christianisme.
C'est l'Empire germanique qui prend pour principe les valeurs chrétiennes. Il réalisera dans la Réforme la réconciliation vivante de la conscience subjective et de la moralité objective : le protestantisme seul peut assumer le rôle de religion d'État dans le monde moderne et résorber le conflit, propre aux nations latines et à la religion romaine, de l'individu et de la collectivité.
L'esthétique:
L'esprit absolu succède à l'esprit objectif. Son premier moment est l'art, objet de l'esthétique. Activité par laquelle l'homme spiritualise la nature en n'en retenant que le caractéristique et l'essentiel, l'art réalise le Beau, qui ne saurait donc exister en dehors de lui. Production d'un esprit que définit le pouvoir de réfléchir sur ses propres opérations, l'art est susceptible d'une étude scientifique. Toutefois, il produit des œuvres dont la définition veut qu'elles revêtent une apparence sensible (formes, couleurs, sons, etc.) ; il n'est donc que le premier moment de l'esprit absolu, dont le second, la religion, renoncera à l'extériorité sensible de l'œuvre ; la philosophie (qui en est le troisième) retrouvera bien l'objectivité de l'œuvre d'art, mais dépouillée dans le savoir conceptuel de toute apparence sensible. L'histoire de l'art retrace la domination progressive du spirituel sur l'élément sensible et matériel, jusqu'à l'élimination totale de ce dernier, donc la fin de l'art qui « pour nous, dit effectivement Hegel, est désormais chose du passé ». Quand l'oiseau de Minerve prend son vol, quand la philosophie se tourne vers l'art, c'est qu'il a fait son temps : à la présence vivante de l'art son concept a succédé.
L'idéal du Beau se présente successivement comme symbolique, classique et romantique. L'art symbolique caractérise les productions des premières époques historiques (Orient) et témoigne, en cette enfance, d'une inadéquation, d'un conflit du sens spirituel de l'œuvre et de son support matériel encore écrasant. L'art classique, qui s'épanouit dans le monde grec, réalise l'équilibre parfait de la matérialité et de la spiritualité, avec l'apothéose de la plus spirituelle des formes naturelles : le corps humain. L'art romantique, lié au christianisme, tend vers l'élimination de la part sensible, l'amincissement du contenu de l'œuvre.
Selon le « poids » de matière impliqué dans sa mise en œuvre, un art différent dominera chacune de ces périodes. L'art symbolique par excellence sera ainsi l'architecture, l'art classique la sculpture, et les arts romantiques la peinture, la musique et la poésie, selon un ordre de matérialité décroissante (si le son est pur dans la musique, dans la poésie, devenu langage, il doit déjà s'accompagner d'un sens, avant de n'être dans la prose philosophique qu'un simple outil extérieur de la pensée).
La philosophie de la religion:
L'esthétique était l'aboutissement de l'art, la philosophie de la religion sera celui de la religion. La notion générale de la religion la définit comme une connaissance par laquelle l'homme s'élève au-dessus du monde fini auquel se bornent la sensation, la perception et l'entendement : son objet (Dieu) est l'infini. Mais si l'entendement ne l'atteint pas, ce n'est pas qu'il soit inconnaissable, que foi et savoir s'opposent. Au contraire, la tâche de la philosophie est de les réconcilier. Entre philosophie et religion, en effet, les différences ne sont que formelles : la religion est destinée à tous les hommes, alors que la philosophie n'est praticable que par une minorité ; d'autre part, la religion se contente de se représenter Dieu, alors que la philosophie en saisit le concept.
Hegel définit les religions déterminées par l'inadéquation de l'idée de Dieu et de la représentation limitée qu'elles en donnent ; ce sont d'abord les religions de la nature, qui posent Dieu comme un en-soi objectif (fétichisme, taoïsme, brahmanisme…), puis les religions de l'individualité subjective, qui en font un pur sujet (judaïsme, polythéisme grec, finalisme romain). Seule la religion absolue, la religion révélée (chrétienne), offre de Dieu une représentation adéquate à sa notion (l'Esprit comme sujet en soi et pour soi).
L'Histoire de la philosophie:
La religion a pour contenu la vérité telle qu'elle est pour les hommes ; la philosophie, la vérité telle qu'elle est pour elle-même. La Phénoménologie en décrit la progression jusqu'au système du savoir absolu, dans lequel « c'est l'idée éternelle, existant en et pour soi, qui se manifeste, s'engendre elle-même éternellement et jouit éternellement de soi comme esprit absolu ».
PLAN:
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
La vie
L'œuvre
Les premiers écrits (1793-1807)
Les livres
La Phénoménologie de l'esprit (Phanomenologie des Geistes).
La Science de la logique (Wissenschaft der Logik).
Les Principes de la philosophie du droit (Grundlinien der Philosophie des Rechts).
Les cours
Introduction
La philosophie de l'histoire
L'esthétique
La philosophie de la religion
L'Histoire de la philosophie
DOCUMENTS ASSOCIéS
Encyclopédie
* article Larousse absolu (+) Qui n'admet aucune restriction, aucune exception ni concession.
* article Larousse abstraction n.f. Opération intellectuelle qui consiste à isoler par la pensée l'un des...
* article Larousse action n.f. Fait ou faculté d'agir, de manifester sa volonté, en accomplissant quelque chose.
* article Larousse aliénation n.f. Transmission volontaire ou légale à autrui de la propriété d'un bien...
* article Larousse Allemagne. État d'Europe centrale baigné au nord-est par la mer Baltique...
* Hegel, Friedrich
Chronologie
* article Larousse 1807 Phénoménologie de l'esprit, ouvrage de F. Hegel, où l'auteur décrit l'histoire du savoir
* article Larousse 1821 Principes de la philosophie du droit, ouvrage de F. Hegel, dans lequel l'auteur décrit l
Citations
* article Larousse Fourest. Georges Fourest. […] Et je lirai (trouvant Hegel et Kant arides) Ces beaux récits d'amour poivrés ...
* article Larousse Hegel. Ce qui est raisonnable est réel, et ce qui est ...
* article Larousse Hegel. La contradiction est la racine de tout mouvement et de ...
* article Larousse Hegel. Toute chose est contradictoire en soi.

La définition de la philosophie:


Philosophie


Auguste Rodin, Le Penseur, 1880-82 : représentation fameuse d'un homme plongé dans ses méditations.
Quelques philosophes importants de la zone européenne selon leur lieu de naissance.

Le mot philosophie (du grec ancien φιλοσοφία, composé de φιλεῖν, « aimer » et σοφία, « la sagesse, le savoir », c'est-à-dire littéralement « l'amour de la sagesse ») désigne une activité millénaire dont la définition est pourtant assez ardue : la philosophie peut se présenter comme un savoir totalisant, une réflexion visant une interprétation globale du monde et de l'existence humaine, ou encore comme un questionnement. Différents buts lui ont été attribués, de la recherche de la vérité, du bien, ou du beau, à celle du sens de la vie, et du bonheur, mais plus largement, la constante recherche de la réflexion. Réfléchir, penser, confronter ses opinions à celles de personnes tierces. La philosophie peut également se concevoir comme une création, analyse ou méditation sur des concepts.

À la différence des sciences humaines, des sciences naturelles, et des sciences formelles auxquelles elle est et a été intimement liée, la philosophie n'a pas d'objets d'étude propre. Elle a toutefois une prédilection pour certains domaines tels la logique, l'éthique, la métaphysique, la philosophie politique et la théorie de la connaissance. D'autres disciplines se sont jointes plus récemment à ces branches fondamentales de la philosophie, comme la philosophie des sciences, encore appelée épistémologie, la philosophie de l'esprit, l'anthropologie philosophique, l'esthétique, la philosophie du droit ou la philosophie du langage.

La philosophie contemporaine, issue d'une tradition multiple, se présente sous des formes variées : tradition herméneutique et postkantienne en Allemagne, philosophie analytique dans les pays anglophones et dans une grande partie de l'Europe, tradition phénoménologique en Europe continentale[3]. Certains remettent fortement en cause la tradition philosophique et ses présupposés telle la philosophie féministe, la déconstruction de Derrida ou de Heidegger. Ces courants forment autant de pratiques différentes et d'opinions divergentes sur la nature de la philosophie, qui interdisent de donner une définition unique acceptable par tous. S'il y a aujourd'hui plusieurs traditions philosophiques, aucune ne peut prétendre résumer l'activité philosophique à elle seule, ni décrire l'activité philosophique de façon consensuelle.

Les difficultés à définir la philosophie sont en outre de nature épistémologique, car il est difficile de délimiter rigoureusement méthodes, thèmes et objets de la philosophie. Historiquement, elle a pu en effet s'inspirer d'autres disciplines (des mathématiques, voire des sciences positives). Pourtant, elle n'a jamais réussi à développer une méthode ou un ensemble de méthodes qui auraient réussi à s´imposer parmi les philosophes (comme la méthode expérimentale s'est imposée en physique et en chimie par exemple). En outre les amalgames entre la philosophie et d'autres disciplines sont de plus favorisés par une tradition de philosophes aux intérêts très divers. Ainsi Aristote aura été aussi bien logicien, que philosophe ou naturaliste. Déterminer le philosophe par sa fonction sociale n'est donc pas aisé. La plupart des activités autrefois appartenant à la discipline sont devenues aujourd'hui autonomes (psychologie, sciences naturelles, etc.), et la part propre de la philosophie s'est réduite.

Mais il est également délicat de déterminer l'essence de la philosophie, soit parce que son statut dans la société est lui-même difficile à cerner, soit qu'elle a été ramenée à d'autres disciplines apparemment proches. Dès l'Antiquité, par exemple, Socrate était confondu dans Les Nuées d'Aristophane avec les sophistes, que Platon nous présente pourtant comme ses adversaires dans ses dialogues. Et même sans tomber dans un quelconque pathos du philosophe incompris par ses contemporains, il est clair qu'on peut se demander quelle est sa fonction dans la société. En tant que discipline théorique, son intérêt semble limité parce qu'elle est sans portée pratique et sans fondements scientifiques. En tant que recherche de la sagesse, elle s'adresse à l'individu plus qu'à la communauté.

mercredi 10 décembre 2008

Aristote






1.Présentation

Aristote (384-322 av. J.-C.), philosophe grec.

À son nom sont attachées la métaphysique et la logique, et son importance dans l’histoire de la philosophie est considérable, tandis que son œuvre ne cesse d’influencer la pensée occidentale sous toutes ses formes.
2.Vie

Né à Stagire, en Macédoine, fils d’un médecin à la cour royale, Aristote se rend à Athènes à l’âge de dix-sept ans pour suivre l’enseignement de Platon à l’Académie. Il sera l’un de ses disciples les plus brillants.

À la mort de Platon en 347 av. J.-C., Aristote part pour Assos, en Asie Mineure, où il devient le conseiller politique du tyran Hermias. Philippe de Macédoine le fait appeler en 343 et le nomme précepteur de son fils, le futur Alexandre le Grand.

En 340, après l’accession au trône d’Alexandre, Aristote rentre à Athènes et fonde sa propre école, rivale de l’Académie : le Lycée, ou Peripatos, ainsi nommé à cause du péristyle où se promenaient maîtres et disciples, qui recevront le nom de péripatéticiens.

À la mort d’Alexandre en 323 av. J.-C., tandis qu’une forte tendance antimacédonienne se propage à Athènes, Aristote, accusé d’impiété pour l’ode qu’il a composée à la mort de son ami Hermias, doit se retirer sur l’île d’Eubée où il meurt l’année suivante, à l’âge de soixante-deux ans.

3.Œuvres et classification du savoir

Comme son maître Platon, Aristote utilise la forme du dialogue (Sur la philosophie) pendant ses premières années à l’Académie, mais ce type d’ouvrages ne subsiste qu’à l’état de fragments, recueillis par des auteurs postérieurs. Il en est de même des quelques brefs travaux techniques qu’il a composés, au nombre desquels figurent un dictionnaire des termes philosophiques et un résumé des théories de Pythagore. En revanche nous sont parvenues les notes de cours du philosophe, rassemblées et agencées après sa mort, qui portent sur presque tous les domaines de la connaissance et de l’art.

Aristote a proposé une classification des sciences et de l’organisation du savoir : il isole premièrement les sciences dites théorétiques, qui composent la philosophie théorique (mathématiques, physique et théologie) ; puis la philosophie pratique, qui traite des questions morales (éthique, politique) ; enfin la philosophie poétique, qui s’intéresse à la production (poièsis), notamment celle des œuvres d’art (poétique, rhétorique).

Les traités logiques qui composent l’Organon n’appartiennent pas à cette partition du savoir. En effet, Aristote ne considère pas la logique comme une partie de la science mais plutôt comme un instrument de celle-ci. C’est ce que rend le sens du mot organon, « instruments » : la logique est un outil fournissant les moyens d’obtenir des connaissances positives.

L’Organon est composé de six traités : Catégories, De l’interprétation, Premiers Analytiques, Seconds Analytiques, Topiques, et Réfutations sophistiques.

Les travaux en sciences physiques et biologiques sont constitués par la Physique, Traité du ciel, De la génération et de la corruption, Météorologiques, Traité de l’Âme, ainsi que par les petits traités biologiques et zoologiques.

La « Philosophie première » d’Aristote a pour objet les questions les plus générales de la philosophie. Elle est composée d’écrits sur les limites et les propriétés de l’être, et traite des premiers principes, du Premier Moteur ou cause première, comme intellect pur, parfaitement homogène et immuable, « pensée de la pensée ».Ces écrits ont été réunis dans la Métaphysique (v. 60 av. J.-C.), comprenant les quatorze livres qui font suite à la Physique (meta signifie « après » en grec).

L’Éthique à Eudème et l’Éthique à Nicomaque constituent les écrits relatifs au bien, auxquels il faut adjoindre la Politique.

Enfin, la philosophie de la poiésis est constituée par la Rhétorique et la Poétique (partiellement conservée).
4.Philosophie du langage
4.1-Logique

Si l’homme est un animal raisonnable, c’est avant tout un être doué de langage, dont il convient d’analyser le fonctionnement. Aristote n’a cependant pas élaboré de logique formelle.

Dans les traités qui composent l’Organon, il entreprend donc l’étude de la proposition et du raisonnement, soit de la combinaison de plusieurs propositions.

Aristote pose en particulier des règles régissant l’enchaînement des idées dans le raisonnement qui, à partir de prémisses vraies, ne devraient jamais mener à de fausses conclusions (règles de validité). Dans le raisonnement, les relations fondamentales forment des syllogismes. Dans un fameux exemple, les deux prémisses « Tous les hommes sont mortels » et « Tous les Grecs sont des hommes » établissent la conclusion que « Tous les Grecs sont mortels ».

Aristote considère également le syllogisme comme l’instrument privilégié de la science, en ce qu’il permet, à partir de principes généraux et universels, de passer à un savoir particularisé (sachant que l’universel est le particulier en puissance). Le syllogisme met aussi en évidence le principe de causalité, qu’Aristote a complété d’une quatrième cause, la cause finale.
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