samedi 20 décembre 2008

Melanie Klein

1-Présentation:

Klein, Melanie (1882-1960), psychanalyste autrichienne.

À l’origine de nouvelles techniques thérapeutiques pour les enfants, basées sur le jeu, Melanie Klein a poursuivi une réflexion théorique prolongeant les concepts freudiens et inaugurant une nouvelle école de pensée, le kleinisme.


2-Une histoire familiale jalonnée de deuils:
Née à Vienne, Melanie Reizes est la fille d’un médecin issu d’une famille juive orthodoxe. Dernière de quatre enfants, elle voit mourir l’une de ses deux sœurs en 1887, son père en 1900, puis son frère en 1902. Alors qu’elle se destine à des études de médecine, avec une spécialisation en psychiatrie, elle y renonce au moment de son mariage, en 1903, avec un ingénieur chimiste, Arthur Klein, avec lequel elle a trois enfants. Sa curiosité intellectuelle l’amène cependant à s’intéresser à la psychanalyse, en plein essor dans l’Europe du début du xxe siècle.

Après avoir déménagé avec son mari à Budapest (Hongrie) en 1910, elle renoue avec l’effervescence intellectuelle de sa jeunesse. Très affectée par la mort de sa mère, en 1914, elle est sujette à des états dépressifs et entame une psychanalyse personnelle et une formation à l’analyse sous la supervision de Sándor Ferenczi, l’un des disciples les plus influents de Sigmund Freud. Elle entreprend d’éduquer son plus jeune fils (Erich, né en 1914) selon les principes de la psychanalyse et, en 1919, elle devient membre de la Société hongroise de psychanalyse. En 1921, après s’être séparée de son mari, elle s’installe à Berlin, invitée à poursuivre ses observations cliniques d’enfants auprès d’un autre disciple de Freud, Karl Abraham. C’est à cette époque qu’elle effectue de nombreuses cures analytiques, dont elle présente les conclusions cliniques et les portées théoriques dans la Psychanalyse des enfants (1932).

3-Une place controversée dans le monde psychanalytique:
Melanie Klein commence à s’imposer comme une théoricienne de première importance dès 1926. Cette année marque son arrivée à Londres — à la suite de la mort de son « protecteur » Karl Abraham — et son entrée dans la récente Société britannique de psychanalyse. Son aura grandissante ne lui épargne pas les critiques, principalement celles d’Anna Freud, depuis Vienne. La fille de Freud considère que les psychanalyses d’enfants sont des thérapies éducatives, alors que Melanie Klein souhaite adapter tous les principes de l’analyse d’adultes, dont le transfert, à l’analyse d’enfants. Les deux psychanalystes s’opposent également sur les débuts de la vie psychique, avant (selon Melanie Klein) ou après (pour Anna Freud) l’âge de un an.

Tout en continuant ses réflexions, notamment sur l’opposition entre pulsion de vie et pulsion de mort, Melanie Klein fait face à des critiques de plus en plus virulentes de l’école viennoise, tout en étant soutenue par de nombreux psychanalystes britanniques. D’abord théoriques et cliniques (la formation des analystes), les dissensions deviennent politiques et de pouvoir avec, en 1938, l’arrivée à Londres des « Viennois » qui fuient avec Freud le régime nazi. L’école kleinienne se précise dans les années 1940 et, en 1955, Melanie Klein fonde l’association The Melanie Klein Trust Fund afin de développer ses axes de recherche.

Après sa mort, son influence reste forte, principalement en France, en Angleterre et en Amérique latine, et le mouvement kleinien est toujours présent dans de nombreuses sociétés psychanalytiques, nationales ou internationales.

4-La psychanalyste des enfants:
La Psychanalyse des enfants introduit des éléments majeurs de la théorie kleinienne. En particulier, Melanie Klein repense le complexe d’Œdipe, en le situant à un âge plus précoce que ne le pense Freud. Pour elle, celui-ci ne se déroule pas au cours de la cinquième année, mais au moment du sevrage du nourrisson. Elle démontre donc la formation précoce du conflit œdipien mais aussi du surmoi, ainsi que leurs conséquences sur le développement de l’ego, de la sexualité infantile et des troubles psychiques. Elle considère la psychanalyse comme un moyen d’aider les enfants à se débarrasser de leur culpabilité en dirigeant vers le thérapeute les sentiments agressifs et œdipiens qu’ils ne peuvent pas adresser à leurs parents. Pour Melanie Klein, l’enfant a besoin de remettre en question la perfection supposée de ses parents, en même temps que son propre sentiment de toute-puissance diminue. Elle montre également l’importance et la banalité des pulsions sadiques des enfants les uns envers les autres.

L’apport théorique et conceptuel de Melanie Klein repose essentiellement sur les psychanalyses d’enfants, dont le support principal est la technique du jeu. Le jeu constitue un mode d’accès privilégié à l’univers inconscient des enfants, comme le sont les associations libres pour les adultes. L’enfant attribue aux jouets des rôles et des fonctions, identiques ou différents selon les séances. Par le langage du jeu, l’enfant exprime ses angoisses et ses émotions.

Parmi un grand nombre d’élaborations théoriques, Melanie Klein revoit la théorie du développement en s’éloignant de la notion des stades libidinaux et en privilégiant la relation d’objet (ou relation objectale) — elle introduit cette conception dans son article Contribution à l’étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs (1934) et la poursuit dans le Complexe d’Œdipe éclairé par les angoisses précoces (1945) et ses Notes sur quelques mécanismes schizoïdes (1946). La relation objectale est la relation qu’un enfant entretient avec l’objet vers lequel se tournent ses pulsions. L’objet est ce qu’il investit affectivement ; il devient interne quand il est intégré au psychisme de l’enfant. D’abord partiel (le sein maternel), l’objet peut devenir total (la mère). Melanie Klein définit deux phases successives liées à ces objets. La phase schizoparanoïde, au cours des premiers mois de la vie d’un enfant, correspond au sentiment que sa mère fait partie de lui ; l’enfant combat la perte de cet objet. La seconde phase, dite dépressive, est celle de la perte et de son acceptation. Pour Melanie Klein, les deuils qui jalonnent la vie réactivent cette position dépressive.

1 commentaire:

Unknown a dit…

bonne année! voici mon e-mail"hayato.kifah@gmail.com"

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