samedi 20 décembre 2008

Edgar Morin







1-Présentation:

Morin, Edgar (1921- ), philosophe et sociologue français.
Les travaux de recherche d’Edgar Morin se sont particulièrement portés sur l’élaboration d’une méthode de pensée visant à relever le défi de la complexité qui s’impose, dans le monde actuel, non seulement à la connaissance scientifique, mais également aux problèmes humains, sociaux et politiques.


2-Le champion de l’interdisciplinarité:
Né à Paris, Edgar Nahoum fait des études de droit, d’histoire, de philosophie, de sociologie et d’économie. En 1942, il obtient une licence en histoire et géographie ainsi qu’une licence en droit. Dès 1941, il entre dans la Résistance, où il prend le nom de Morin, qu’il conserve par la suite. Il adhère aussi au Parti communiste, « à un moment où l’on sentait, pour la première fois, qu’une force pouvait résister à l’Allemagne nazie ». Il en sera exclu dix ans plus tard, en 1951. À la Libération, l’ancien lieutenant des Forces françaises combattantes est nommé dans l’Allemagne occupée. C’est là, en 1946, qu’il publie son premier ouvrage, l’An zéro de l’Allemagne. Il commence aussi la rédaction de l’Homme et la Mort (1951).
Edgar Morin entre en 1950 au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En 1960, il fonde, au sein de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), le Centre d’étude de communication de masse (CECMAS) avec Georges Friedmann et Roland Barthes, avec le souci d’adopter une démarche transdisciplinaire, et crée la revue Communications. Il est également le fondateur de la revue Arguments (1957-1963). Nommé directeur de recherche au CNRS en 1970, il codirige de 1973 à 1989 le Centre d’études transdisciplinaires de l’EHESS, qui a succédé au CECMAS.

3-Une œuvre prolixe:
Edgar Morin consacre une partie importante de ses recherches à la sociologie contemporaine et aux problèmes de la communication de masse, en s’efforçant d’en appréhender la complexité anthropo-sociale par la prise en compte des dimensions biologique et imaginaire. Il se fait connaître par le Cinéma et l’Homme imaginaire (1956) et, dès 1957, il publie les Stars, ouvrage de référence questionnant le système américain de « culture de masse ». Il approfondit son analyse des rapports entre le réel et l’imaginaire dans la culture de masse diffusée par les médias dans l’Esprit du temps (1966). Avec la Rumeur d’Orléans (1969), il tente de saisir le phénomène de la rumeur, en étudiant la propagation d’une information vague, imprécise et toute-puissante, fondée sur l’antisémitisme, auprès de personnes plus ou moins crédules.
En 1967, Edgar Morin publie Commune en France : la Métamorphose de Plodémet (1967), un ouvrage tiré d’une étude multidisciplinaire menée sur une commune de Bretagne, Plozévet, et réunissant sociologues, anthropologues, géographes, médecins. Il se fait ensuite l’avocat d’une sociologie du présent, dite « événementielle » (Journal de Californie, 1970 ; le Paradigme perdu : la nature humaine, 1973). Tout au long de sa vie et de son œuvre, il analyse l’état du monde et les problèmes fondamentaux de l’époque, comme en témoignent une longue série d’ouvrages : Pour sortir du xxe siècle (1981), Penser l’Europe (1987), Terre-Patrie (1993), Pour une politique de civilisation (2002), la Violence du monde (2003, avec Jean Baudrillard), le Monde moderne et la question juive (2006).

4-Le théoricien de la pensée complexe:

À partir des années 1970, Edgar Morin se lance dans une vaste aventure intellectuelle qui prend la forme d’une œuvre intitulée la Méthode et qui paraît en 6 volumes — t1. la Nature de la nature (1977) ; t2. la Vie de la vie (1980) ; t3. la Connaissance de la connaissance (1986) ; t4. les Idées. Leur habitat, leur vie, leurs moeurs, leur organisation (1991) ; t5. l’Identité humaine (2001), t6. Éthique (2004). Vaste synthèse à caractère pluridisciplinaire, cette œuvre tente d’intégrer tous les savoirs, philosophiques comme scientifiques, et de « trouver les instruments permettant de relier les connaissances éparses et distinctes ». Elle est en effet fondée sur un double constat : d’une part, celui d’une rupture culturelle entre la culture des humanités, qui apprend à contextualiser et à situer une connaissance dans un ensemble organisé, et la culture scientifique, qui tend au contraire à se spécialiser et à se clore sur elle-même ; et, d’autre part, celui de la désintégration des « piliers de certitude » sur lesquels reposaient les sciences jusqu’au xxe siècle, en premier lieu le dogme d’un déterminisme universel et de la souveraineté absolue de l’ordre. Dans ce cadre, Edgar Morin entend proposer une « réforme de la pensée » visant à relever « le défi de la complexité qui réside dans le double défi de la reliance et de l’incertitude. Il faut relier ce qui était considéré comme séparé. En même temps, il faut apprendre à faire jouer les certitudes avec l’incertitude. La connaissance est en effet une navigation dans un océan d’incertitudes parsemé d’archipels de certitudes. » La pensée de la complexité « englobe au lieu de séparer, relie au lieu de segmenter », tout en distinguant.
S’appuyant sur les théories de l’information, de la cybernétique et des systèmes et repensant la relation ordre-désordre-organisation, Edgar Morin inaugure et ouvre un champ nouveau d’investigations, à savoir la complexité des systèmes, et développe trois principes fondamentaux : le principe de la « boucle récursive ou autoproductive », qui rompt avec le principe de causalité linéaire, et selon lequel les causes agissent sur les effets, et les effets sur les causes (par leurs interactions, les individus produisent la société et la société produit de l’humanité en apportant des qualités telles que la culture et le langage qui rétroagissent sur les individus) ; le principe de la « dialogique », qui consiste à associer des notions, des idées et des vérités antagonistes afin d’appréhender une même réalité ; le principe « hologrammique », selon lequel non seulement la partie est dans le tout mais le tout est dans la partie (si l’individu est une partie de la société, la société, en tant que tout, est également présente dans chaque individu à travers son langage et sa culture).
Edgar Morin est le fondateur et le président de l’Association pour la pensée complexe (APC).

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