samedi 28 mars 2009

hannah arendt







1-Présentation:


Hannah Arendt (1906-1975), philosophe américaine d’origine allemande, dont les études sur le totalitarisme ont exercé une influence déterminante sur la philosophie politique contemporaine.

2-Sa vie:

Née à Hanovre, Hannah Arendt assiste, en 1924, aux cours de Martin Heidegger et de Rudolf Bultmann à l’université de Marburg puis, à Fribourg, à ceux de Edmund Husserl et de Karl Jaspers. En 1928, elle soutient sa thèse consacrée au concept d’amour chez saint Augustin, sous la direction de Karl Jaspers, avec lequel elle entretiendra une correspondance de 1926 jusqu’à la mort de celui-ci, en 1969.

Juive, elle quitte l’Allemagne en 1933 pour fuir le nazisme. Elle réside en France, puis elle rejoint les États-Unis en 1941. Elle enseigne alors la philosophie et les sciences politiques à l’université de Chicago, puis à la New School for Social Research de New York.

3-Analyse du totalitarisme:

Hannah Arendt a entrepris une vaste réflexion sur les implications historiques et philosophiques du phénomène totalitaire, qu’elle analyse comme une conséquence de la dissolution des classes sociales et de la dépolitisation du monde moderne. Les Origines du totalitarisme (1951) montre que « les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés ». La perte du lien social est une condition déterminante de l’émergence de ces régimes, dont le ressort essentiel est la terreur.

D’autres éléments permettent de caractériser la société totalitaire : le culte du chef, l’organisation de la société sur le modèle militaire, la multiplication des organisations secrètes, l’exaltation du sentiment national renforcé par les rumeurs de complots généralisés et l’instauration d’une idéologie fondée sur l’article de foi « tout est possible » sont autant d’éléments qui favorisent et entretiennent la domination du sentiment communautaire sur les aspirations propres à l’individu. Cependant, Hannah Arendt, se refusant à toute analyse globalisante, n’a pas manqué de faire valoir qu’il restait toujours, dans l’apparition des totalitarismes comme dans celle des révolutions, une part inexplicable, irréductible à l’analyse des mouvements sociaux.

4-Réflexions sur la modernité:

Dans la Condition de l’homme moderne (1958), Hannah Arendt analyse le nouveau modèle de « vie active », qui s’est imposé contre le modèle « contemplatif », en développant des valeurs fondées sur « le travail, l’œuvre et l’action », et en contribuant à occulter les anciens repères inscrits dans la tradition. Poursuivant son entreprise de reconstruction du processus historique conduisant au totalitarisme, elle souligne le contraste apparu entre le type idéal de la communauté politique (la polis grecque du temps de Périclès) et la décadence de l’action politique dans la pensée occidentale contemporaine.

La Crise de la culture (1961) et l’Essai sur la révolution (1963) s’attachent à démontrer comment les révolutions démocratiques modernes ont opéré le passage d’une société fondée sur des valeurs de liberté à une société reposant sur la toute-puissance de l’État et de la bureaucratie.

Essentielle à la compréhension de l’histoire politique contemporaine, l’œuvre d’Hannah Arendt, que Raymond Aron a contribué à diffuser en France, a renouvelé la réflexion sur les concepts d’autorité, de liberté, de culture. Sa thèse sur la « banalité du mal », développée dans l’essai Eichmann à Jérusalem (1963), est une contribution importante, toujours étudiée, à l’analyse du nazisme. Le dernier ouvrage d’Hannah Arendt, la Vie de l’esprit, resté inachevé, a été publié à titre posthume (1978).

samedi 21 mars 2009

Paul Virilio

I-Présentation:
Paul Virilio est un urbaniste et essayiste français, né en 1932 à Paris d'un père communiste italien et d'une mère catholique bretonne. Enfant, il vit les bombardements de Nantes et en gardera un intérêt pour les choses de la guerre et une inquiétude pour la fragilité du monde urbain.


II-Sa vie:

Après une formation de maître verrier qu'il fait tout en suivant les cours de Vladimir Jankélévitch et de Raymond Aron à la Sorbonne, il collabore avec Henri Matisse à Saint-Paul-de-Vence et avec Georges Braque à Varengeville.

En 1963, il fonde avec Claude Parent, le groupe Architecture Principe, puis publie un premier manifeste pour une architecture oblique[1].

Professeur avec lui à l' École spéciale d'architecture à Paris, ils ont formé dans leur atelier plusieurs grands noms de l'architecture contemporaine française, comme Jean Nouvel. Son enseignement à l'ESA évolue vers l'urbanisme et l'architecture qu'il aborde en même temps comme un vaste système de réseaux dont il s'agit de catégoriser les objets, puis pondérer la hiérarchie par leurs vitesses.

Il a sû tellement bien mettre en évidence l'importance de l'espace concret dans la vie sociale, que plusieurs auteurs qui l'ont connu ont fait une œuvre remarquable sur ce sujet, comme Espèce d'espaces de Georges Perec, Énergie et équité d'Ivan Illich ou L'Art de faire de Michel de Certeau.

mercredi 11 mars 2009

Michel Foucault








1-Présentation:

Foucault, Michel (1926-1984), philosophe français.
Michel Foucault s’est efforcé de montrer que les représentations globales des phénomènes sociaux et humains, considérées souvent comme des vérités immuables, constituent en fait des unités discursives spécifiques, susceptibles de changer radicalement à mesure que les spécialistes adoptent des approches différentes. Ses recherches s'inscrivent dans la lignée de la pensée de Karl Marx, Sigmund Freud et du positivisme français.

Michel Foucault livre des conceptions novatrices, qui débouchent sur une remise en question de toutes les représentations communes, notamment sur l'hôpital et la « folie », les prisons, la police, le système d'assurance et, de façon générale, tous les phénomènes sociaux qui se situent à la frontière des sphères institutionnelle et idéologique.

2-Repères biographiques:

Né à Poitiers (Vienne), Michel Foucault étudie la philosophie et la psychologie, puis il entra à l'école normale supérieure à Paris. Pendant les années 1960, il occupe le poste de directeur du département de philosophie à l'université de Clermont-Ferrand et à l'université de Paris-Vincennes. En 1970, il est élu au Collège de France où il enseigne l'histoire des systèmes de pensée. Au cours des années 1970 et 1980, sa réputation internationale grandit et il multiplie les conférences à travers le monde.

3-Une réflexion philosophique sous influences:

Les deux philosophes qui influencent le plus la pensée de Foucault sont Friedrich Nietzsche et Martin Heidegger. Le premier soutient que la conduite humaine est motivée par une volonté de puissance et que les valeurs traditionnelles ont perdu leur emprise sur la société. Martin Heidegger critique pour sa part ce qu'il appelle « notre compréhension technologique commune de l'être ».

Michel Foucault explore à son tour la mutation des structures du pouvoir au sein de la société et les multiples mécanismes par lesquels le pouvoir se rattache au moi. Il étudie les règles fluctuantes qui sont susceptibles d'entrer en jeu dans les discours politiques des différentes périodes de l'histoire. Il analyse également la façon dont les pratiques quotidiennes permettent aux individus de définir leur identité et de systématiser leur connaissance. Il se présente lui-même comme un archéologue dont l'objet de recherche réside dans la constitution des clivages qui marquent la culture occidentale.

4-Une pensée novatrice:

4.1-Folie et langage:

On peut distinguer plusieurs périodes dans le développement de la pensée de Michel Foucault. Tout d'abord, dans l'Histoire de la folie à l'âge classique (1961), qu'il rédige alors qu'il est lecteur de français à l'université d'Uppsala, en Suède, il retrace comment, dans le monde occidental, la folie, d'abord considérée d'inspiration divine, en est venue à être conçue comme une maladie mentale, une forme de « déraison » qui nécessite l'isolement et l'enfermement. Dans ce livre, où il tente de dégager la spécificité de la folie, il affirme : « le langage est la structure première et dernière de la folie ; il en est la forme constituante. »

4.2-Évolution des sciences humaines

L'œuvre considérée comme la plus importante et la plus achevée de Michel Foucault est les Mots et les Choses (1966). Il y élabore une nouvelle conception de la science historique, en énonçant les deux concepts majeurs de sa pensée : la formation discursive, constitutive du regard de l'homme sur lui-même et ses propres conceptions ; la coupure épistémologique, rupture radicale qui marque la disparition de la précédente vision des choses et l'apparition d'une nouvelle formation discursive. Dans l'Archéologie du savoir (1969), il approfondit ces concepts.

4.3-L’homme et le pouvoir de la société

La dernière période de la pensée de Michel Foucault débute avec la publication de Surveiller et punir en 1975. Cet ouvrage, qui porte explicitement sur la question de savoir si l'emprisonnement est une punition plus humaine que la torture, aborde plus généralement la façon dont la société régit les individus en « dressant » leurs corps (voir histoire de l’enfermement). Pour Michel Foucault, l'enfermement a pour objectif d'investir « politiquement » les corps ; par la douceur ou la violence, il s'agit d'imposer la notion de norme. Ainsi, la notion de délinquance est le produit direct de la prison.

Les trois derniers ouvrages de Foucault, Histoire de la sexualité, tome I : la Volonté de savoir (1976), l'Usage des plaisirs (1984) et le Souci de soi (1984), font partie d'une histoire de la sexualité demeurée inachevée. Dans ces livres, Foucault parcourt les étapes par lesquelles les individus, dans les sociétés occidentales, en sont venus à se concevoir eux-mêmes comme des êtres sexués et rapporte ce concept de moi sexué à la vie morale et éthique de l'individu.

Dans tous les ouvrages de cette dernière période, Foucault s'efforce de montrer que la société occidentale a engendré une catégorie de pouvoir inédite, qu'il nomme biopouvoir, c'est-à-dire un nouveau système de contrôle que les conceptions traditionnelles de l'autorité sont incapables de comprendre et de critiquer. Loin d'être répressif, ce nouveau pouvoir accroît la vie. L'Histoire de la sexualité traduit ainsi une « histoire des problématiques éthiques faites à partir des pratiques de soi ». Foucault résume cette idée en 1984 dans les termes suivants : « le sexe n'est pas une fatalité ; il est une possibilité d'accéder à une vie créatrice. »

samedi 7 mars 2009

Max weber









I-Présentation:

Max
Weber (sociologue), (1864-1920), sociologue allemand qui ouvrit la voie à la sociologie comparative et s’interrogea sur les caractéristiques de la civilisation occidentale.

Né à Erfurt, Max Weber fit ses études aux universités de Heidelberg, Berlin et Göttingen. Juriste, professeur d’économie aux universités de Fribourg (1894), de Heidelberg (1897) et de Munich (1919), il fut également directeur de la revue allemande de sociologie Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik.

Sa sociologie, appelée « compréhensive », se propose de saisir les motivations ou les raisons d’agir des individus et d’en rendre compte en choisissant pour point de départ une approche individualiste. Il en vint ainsi à distinguer quatre types d’action sociale : l’action traditionnelle marquée par l’emprise du passé, l’action affective dominée par les pulsions, l’action rationnelle en valeur, guidée par les convictions, et enfin l’action rationnelle en finalité, commandée par le calcul et l’adéquation des moyens avec les fins dont on dispose. Ces formes d’action relèvent de la méthode wéberienne de l’idéal type, qui vise à construire un modèle explicatif de la réalité destiné à être testé à travers différents cas historiques.

Dans l’une de ses œuvres majeures, Die Protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus (l’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, 1904-1905), il cherche à mettre en relation l’influence du calvinisme sur la diffusion de l’esprit du capitalisme : selon Weber, les deux éthos ont en commun de privilégier un comportement ascétique, qui satisfait aussi bien au salut de l’âme puritaine qu’à la dynamique de l’accumulation. Se refusant, à la différence de Marx, à trancher la question de la prédominance des valeurs ou du matérialisme, il conclut, en reprenant la formule de Goethe, à l’existence d’« affinités électives » unissant les deux univers.

II-Sa vie:

Élargissant son projet à l’étude de la civilisation occidentale, dont son ouvrage posthume Wirtschaft und Gesellschaft (Économie et Société, 1922) rend compte, il s’orienta vers l’étude du droit, des formes du pouvoir politique, de l’art, de la religion, tous ces domaines étant marqués, comme l’économie, par la rationalisation des activités sociales ou par le « désenchantement du monde », c’est-à-dire par le recours progressif au raisonnement rationnel en finalité au détriment des autres formes d’action sociale.

La sociologie de Max Weber est dénuée de toute vision prophétique contraire au principe de « neutralité axiologique », en vertu duquel son projet consiste à distinguer clairement le « rapport aux valeurs », qui éclaire le sociologue dans sa recherche, du « jugement de valeurs », nuisible à l’analyse. C’est dans cet esprit qu’il plaide, dans sa célèbre conférence de 1919, le Savant et le Politique, pour que la politique se retire de l’Université, en appelant à l’« éthique de responsabilité » des savants, laquelle ne saurait se confondre avec l’« éthique de conviction » qui guide l’action politique.
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